Jean-René Bernaudeau ne monte plus sur le vélo mais il est resté compétiteur. C’est désormais au titre de directeur sportif que l’ex-champion cycliste mène l’équipe Total Direct Energie vers de nouvelles victoires. Avec son style plutôt direct et cependant bienveillant, il aime faire progresser les valeurs de la Vendée dans les têtes de son peloton.

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre la direction d’une équipe cycliste ?
C’est un long chemin : ce projet est né en 1991 avec la création d’une équipe amateur car j’avais envie de donner leur chance aux jeunes de la région. Puis avec Richard Tremblay, professeur et cycliste amateur, nous avons créé la première section sport-études de France. L’équipe pro est apparue en 2000, soutenue par des sponsors vendéens. Car il n’y a pas plus vendéen que moi !

Quelle est votre principale activité, en dehors de ce que les médias peuvent montrer ?
Mon travail à plein temps consiste à faire vivre un modèle économique vertueux grâce au sponsoring. Le monde du sponsoring sportif n’est pas un monde de « gentils » : il faut plusieurs millions d’euros par an pour faire vivre une équipe.

Votre équipe a remporté plusieurs victoires, notamment avec Thomas Voeckler : plus globalement, quelles sont vos sources de satisfaction ?
On fabrique beaucoup de champions ! Grâce à notre structure pyramidale, nous détectons beaucoup de gens. Notre travail donne l’exemple à tous les niveaux.

Quelle est la spécificité de l’équipe Total Direct Energie ?

Notre grande particularité est d’incarner les valeurs de la Vendée qui innove, qui bouge, des valeurs de travail et de développement. Nous exportons l’équipe sur toute la planète. L’équipe est l’étendard exportable des valeurs de la Vendée.

Les sportifs, surtout ceux qui viennent d’ailleurs, sont-ils sensibles à ces valeurs ? Comprennent-ils la Vendée que vous incarnez ?
Tout de suite. Les sportifs de haut niveau se sentent immédiatement à la maison ici et ressentent l’amour du département. Ils ont l’envie d’en être dignes. Du côté des sponsors, les grands groupes internationaux voient également qu’il se passe quelque chose de différent.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut monter son équipe ?

Il faut beaucoup de courage, de volonté, de passion et d’humilité. C’est une sorte de sacerdoce.

D’homme à homme, que dites-vous aux jeunes sportifs ? Quel discours leur tenez-vous ?

Je leur parle de justice, de respect et d’engagement. La vie de Nelson Mandela est inspirante. J’apprécie une de ses citations : « Donner l’espoir là où règne le désespoir ». Je suis également touché par le film Hurricane Carter (de Norman Jewison) qui relate la vie du boxeur Rubin Carter. Le regarder rend les gens meilleurs.

Ces notions de respect, d’engagement, comment s’expriment-elles dans votre quotidien, en dehors du vélo ?

Je pense beaucoup à des personnes qui m’ont donné ma chance ou qui se sont battus, qui sont parfois morts, contre l’injustice. Cela se perçoit aussi dans mes choix musicaux : Bob Dylan, « Mandela Day » de Simple Minds, « Living Darfur » de Mattafix… J’ai également la chance d’avoir passé une demi-journée avec Jean-Paul Belmondo que je respecte beaucoup ; j’ai gardé la photo de notre rencontre dans mon smartphone. Pour revenir sur l’aspect financier, j’évoquerais le fait d’être toujours avec le CMO, banque qui a cru en moi et derrière laquelle il y a des hommes.

Merci et bonnes courses, en commençant par le Tour de Vendée !