Pour devenir co-gérante du restaurant Ô Bell’Endroit à la Roche-sur-Yon, Fabienne Lamothe a opéré un grand virage professionnel. Elle a quitté son service RH pour se former à la restauration avant de fonder l’établissement familial qui ravit les papilles des yonnais. Rien de bien original, pensez-vous ? C’est vrai, c’est un restaurant comme les autres… qui emploie des personnes atteintes de handicap mental.

 

Qu’est-ce qui vous a conduit à ouvrir le restaurant Ô Bell’Endroit ?
Ce projet familial s’est monté autour du projet professionnel de mon frère Valentin, qui est atteint de trisomie 21. Il avait fait des stages en restauration et avait envie de travailler dans ce secteur mais il était très difficile de trouver une place correspondant à ses besoins. Je me suis engagée dans une reconversion, j’ai passé mon CAP de serveuse et nous avons créé l’entreprise avec ma sœur Sonia et nos parents. C’est une réponse à la demande d’emploi de personnes atteintes de handicap mental.

 

Comment avez-vous créé le restaurant ?
Nous l’avons créé en famille en optant pour le statut SARL. Pour l’aspect financier, nous avons obtenu 2 prêts bancaires et près de 13 000 € de dons en faisant appel au financement participatif. Le projet a été bien reçu et sa mise en œuvre s’est faite sans embûches véritables, même s’il y a eu de nombreuses étapes à franchir.

 

Comment s’organise le travail ?
Il faut tenir compte du grand niveau de fatigabilité des jeunes serveurs, qui sont de vrais serveurs professionnels. Ils travaillent à mi-temps, 4 fois par semaine, 5 heures par jour. Ils interviennent également en cuisine, où ils accomplissent une bonne partie du travail de préparation exigé par le « fait maison ». La cheffe, qui est une ancienne monitrice-éducatrice, peut plus facilement leur indiquer les tâches à faire.
Dans la salle, les jeunes s’occupent de tout : ils gèrent l’accueil des clients, présentent la carte –visuelle- des plats et des boissons, prennent les bons de commande pré-remplis, servent et desservent.

 

Qu’est-ce qui fait la différence pour les clients ? 
Les clients nous disent que les serveurs ont le sourire, que l’ambiance au déjeuner est plus calme que dans d’autres restaurants. Sinon, la plupart des retours sont positifs et portent d’abord sur la qualité de la cuisine !

 

Quelles sont les perspectives ?
Nous avons déjà étendu nos horaires en ouvrant un samedi midi par mois. Nous souhaitons continuer à remplir la salle tous les midis. Au sein de l’équipe, nous apprenons à nous connaître, à gagner en confiance et en efficacité.

 

S’engager dans une telle aventure, c’est … ?
C’est un pari fou, qui est le choix du projet de Valentin. Travailler en famille nous a permis de resserrer les liens. Quant au travail au restaurant, il remet les pieds sur terre. Mais je suis sûre de faire ce que j’ai envie de faire.

 

Que diriez-vous à quelqu’un qui veut créer une entreprise avec et pour des personnes en situation de handicap ?
Tout est possible ! Même si on s’engage avec des jeunes à qui il a été dit qu’ils ne feraient pas le travail qu’ils souhaitent. Ça vaut le coup car ils en sont capables. Il faut juste prendre le temps et adapter sans cesse le travail ; il faut l’anticiper sans le faire à leur place.

 

Merci et bons services !

Ô Bell’Endroit est ouvert le midi, du lundi au vendredi, ainsi que le jeudi et le vendredi soir. Le restaurant est également ouvert le 1er samedi du mois, pour déjeuner.