L’intarissable Alain Pochon garde le cap et évite les écueils. Le président du Grand Pavois de La Rochelle, qui se tiendra du 27 septembre au 2 octobre, est revenu pour Territoire d’émotions sur cinquante années d’un événement plus que jamais dans le vent.

 

Alain, comment peut-on vous présenter ?

Je fais partie d’une génération qui a travaillé tôt. J’ai appris mon métier d’électricien de marine au lycée technique de La Rochelle et j’ai commencé à travailler pour un patron vers mes 15 ans. Savoir comment fabriquer et stocker de l’énergie sur un bateau, à l’époque, c’était quelque chose qui n’existait pratiquement pas. Comme mon père travaillait pour sa part dans l’électronique, nous avons assisté à l’arrivée des premiers radars, en tous cas ceux accessibles aux marins-pêcheurs. Au sein de l’entreprise Pochon, nous avons contribué à rendre fiable ces appareils embarqués, c’était une véritable innovation technique, qui s’est rapidement étendue à la navigation de plaisance, au cours des années 80. La société a été la première à proposer ces équipements en série sur les bateaux. Nous avons alors travaillé avec les autres équipementiers du Grand Pavois pour proposer du sur-mesure…

 

Justement, comment débute votre histoire avec le Grand Pavois ?

Le Grand Pavois avait été créé en 1973 par Henri Amel, Roger Mallard, Michel Dufour et Fernand Hervé, pour promouvoir la filière nautique rochelaise. C’était à l’origine un salon où l’on rencontrait les responsables de chantiers et où l’on découvrait les bateaux à flots. Les équipementiers étaient peu présents sur les premières éditions. Il faut bien se représenter qu’il n’y avait pas encore de VHF, on en était là ! Il fallait le temps que les équipements se perfectionnent et se rendent de plus en plus utiles pour la navigation. J’ai rapidement été approché par des membres du bureau pour entrer dans le conseil d’administration, puis une opportunité s’est présentée pour que j’en prenne la présidence : je connaissais le fonctionnement de l’association et du salon, et c’était important pour moi de défendre nos professions, nos savoir-faire et nos produits. C’était il y a… 28 ans, je crois !

 

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Comment le salon a-t-il évolué sous votre présidence ?

Avec les autres membres de l’association organisatrice, nous l’avons aidé à bien grandir. Aujourd’hui, le Grand Pavois couvre 10ha du quartier des Minimes à La Rochelle, où se trouve le Port de plaisance. Il occupe les pontons et la plage, et c’est représentatif de la façon dont nous l’avons fait évoluer. Jusque dans les années 80, les « sports nautiques » étaient encore une pratique de « gentlemen. » Les gens – les jeunes surtout – n’allaient pas trop sur l’eau, et l’enjeu était de les y faire venir. Dans ce sens, le boom de la planche à voile a été une sorte de révolution : on pouvait faire évoluer les pratiques, c’était vers cela que nous devions aller, et cette évolution a contribué au rayonnement du Grand Pavois. Le cœur de notre métier reste bien évidemment de présenter les bateaux issus des chantiers et de les mettre en valeur – je crois fermement que quand le bateau se vend, c’est toute la filière qui travaille. Mais montrer aussi une offre complète, diversifiée, de tout ce qui se pratique en mer est un incontournable de notre salon. Nous avons également fait venir chaque année un « pays-invité », pour donner à nos clients des idées de destination, avec une présentation des offres disponibles à l’international. Nous avons aussi organisé des compétitions, comme la Transat 6,50 La Rochelle-Salvador de Bahia, avec toujours cette idée de rendre la navigation accessible à tous. L’idée du Grand Pavois, c’est ça : équiper nos clients mais surtout, les faire naviguer.

 

Qu’est-ce que l’on va trouver sur cette édition 2022 ?

Tout ce qui fait notre identité : 800 marques internationales, 700 bateaux dont 300 à flots. Des bateaux à voile et à moteur, un espace glisse et voile légère pour présenter l’incroyable diversité des loisirs nautiques, des propositions de sorties, de baptêmes, d’initiations… Et aussi, beaucoup d’innovations, avec la présence de start-ups parce que nous sommes dans un milieu qui ne cesse de trouver des solutions nouvelles à des situations nouvelles. Par la force des choses, les marins ont toujours su s’adapter.

 

Le Grand Pavois fête sa 50e édition. Y aura-t-il des temps forts ?

Bien sûr ! Il faut noter d’ailleurs que le Grand Pavois a 50 ans en même temps que le Port de plaisance des Minimes, ça date un peu le développement de la navigation de plaisance. Pour marquer cette édition, nous avons invité une des destinations les plus mythiques pour les marins : Tahiti, qui viendra présenter sa culture, sa gastronomie, mais aussi son offre hôtelière, ses infrastructures portuaires, ses prestataires sur place. Nous les verrons évidemment lors de la soirée de gala réservée aux exposants et à nos partenaires les plus fidèles. Un second temps fort, qui me tient à cœur, c’est le retour du défilé nautique et du spectacle pyrotechnique « Voiles de nuit », avec une remontée du chenal d’entrée dans le Vieux-port de La Rochelle. Les quatre bateaux des fondateurs du Grand Pavois seront notamment mis à l’honneur. C’est notre façon de remercier tous ceux qui nous ont soutenu depuis le début de cette aventure. Le bateau patrimonial Le Français embarquera l’ensemble du personnel du Port de plaisance. Au fil des années, une complicité s’est forcément créée autour d’une passion commune.

 

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Vous parliez d’adaptation des marins à leur environnement. C’est une tendance que vous observez dans les chantiers et chez les équipementiers ?

Évidemment. On ne peut pas naviguer et ne pas être sensible au milieu marin, au climat et à ses changements. La filière nautique a bien sûr un rôle essentiel à jouer, et le Grand Pavois comme les autres. Vous savez, il y a déjà plus de 10 ans que nous avons présenté au Grand Pavois des motorisations électriques, à une époque où l’on n’en parlait pas beaucoup. Toute la filière innove pour aller vers la décarbonation, l’éco-responsabilité, la dépollution. Nous-mêmes, on travaille sur ces sujets depuis plusieurs années, avec des filières de tri sélectif sur le salon, une incitation à venir sans nécessairement prendre sa voiture, ou encore en choisissant nos prestataires sur des critères d’éco-responsabilité. L’artificier de Voiles de nuit, par exemple, travaille sans aluminium, juste avec du carton.

 

Parmi toutes les initiatives présentes sur le Grand Pavois, y en a-t-il une qui vous tient particulièrement à cœur ?

Toutes les initiatives qui visent à promouvoir la mer ont une place au Grand Pavois et sont toutes autant légitimes. Mais je vais quand même parler de Handi Cap’access qui, pour la 12e édition, propose des baptêmes de voile à des enfants et des personnes en situation de handicap. C’est une initiative qui s’est montée avec le Conseil départemental de Charente-Maritime, le Comité départemental handisport, et c’est une action qui me tient tout particulièrement à cœur.

 

Enfin, comment voyez-vous le Grand Pavois dans 10 ans ? Et dans 50 ans ?

Dans 50 ans, je ne veux pas m’avancer ! Mais dans 10 ans, je peux vous assurer que nous serons toujours le même salon convivial, éco-responsable, toujours à l’écoute des navigateurs et des professionnels. Je consacre beaucoup de temps à cela, en plus de mes autres activités. J’ai toujours en tête la phrase de Henri Amel, avec qui j’ai beaucoup appris et navigué : « Pochon, dans la vie, il faut faire des choses, pour raconter aux petits-enfants ! »

 

Nul doute que les petits-enfants d’Alain Pochon ont devant eux la promesse de longues soirées de récits de voyages en mer ! Merci, Alain Pochon, et bonne route au Grand Pavois !

 

Grand Pavois de La Rochelle, salon nautique international à flots
du 27 septembre au 2 octobre, au Port de plaisance des Minimes, à La Rochelle.

 

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© Gilles Delacuvellerie