Il y a une énergique détermination dans la voix de Martine Gassiot, présidente de l’association SOS Femmes Vendée. Entourée d’une équipe encore plus impliquée lors de la crise sanitaire, elle fait rimer réflexion et action, engagement et accompagnement, pour le respect des droits des femmes. A tout niveau, pour toutes… et pour tous.

 

Qu’est-ce qui vous a menée à la présidence de SOS Femmes Vendée ?
J’étais présente lors de la création de l’association en 1986. Elle a d’abord été présidée par un représentant institutionnel. Je suis devenue présidente quand on a privilégié un membre actif à ce poste. C’était une réelle volonté, qui permet d’affirmer le positionnement féministe de l’association.

Pourquoi cet engagement ?
La défense des femmes, c’est motivant ! Le sort que connaissent les femmes me concerne. Pouvoir mener une analyse féministe des rapports sociaux, des comportements sexistes, m’intéresse ; les violences conjugales sont liées aux discriminations, aux injustices faites aux femmes. La réalité de ce que l’on vit dans son entourage, autour de soi, est très éclairante sur les rapports de domination entre hommes et femmes.
Au niveau humain, c’est très intéressant d’être présidente. Nous sommes passés de 2 à 14 salariés. Des liens très forts se sont créés au sein de l’association, au fil du temps, lors d’actions menées en commun.

C’est un engagement souhaité, une responsabilité assumée : est-ce une source de satisfaction ?
Dans l’aspect positif de cet engagement, il y a le sens qu’a l’engagement en lui-même et le plaisir d’agir avec une organisation qui a la volonté de « faire ensemble ».
A un niveau plus large, au niveau des droits, de la loi, de l’égalité, les choses ont avancé. Sur la parole également, sur ce qui est dit. Les femmes parlent davantage, plus tôt.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?
La recherche de financement. Il faut trouver des moyens pour l’accompagnement des femmes, l’hébergement d’urgence. Il faut aussi faire avancer la façon dont les femmes peuvent nous connaître, faire appel à nous. Au niveau de la société, il faut encore faire reconnaître le problème, expliquer les lois, faire que cette question soit mieux prise en compte par les partenaires sociaux, les policiers, la justice…

Quels axes souhaitez-vous développer contre les violences sexistes ?
Il y a toujours de nouvelles réponses à construire car il y a beaucoup de besoins. La prévention est essentielle : c’est important d’agir en amont pour que les jeunes ne reproduisent pas des comportements violents. Il faudrait reprendre ça dès l’apparition de stéréotypes. Une réflexion est à mener sur la façon dont les jeunes voient leur relation de couple. Il faut savoir que les jeunes femmes de 18 à 25 ans sont particulièrement victimes de violences conjugales.

Vous évoquez les jeunes : comment communiquez-vous avec elles, avec eux ?
Les nouveaux moyens de communication sont de plus en plus utilisés. En plus du téléphone disponible 24h/24, nous avons créé un site, une page Facebook, un accès Messenger (avec effacement de l’historique). Des conversations s’engagent via Facebook. C’est une bonne réponse pour les jeunes.

A titre privé, utilisez-vous les médias pour prendre du recul ?
Je ne regarde presque pas la télé et quand je la regarde, je remarque plutôt les choses négatives comme les stéréotypes véhiculés par les émissions de télé-réalité. Par contre, les livres m’intéressent mais je n’aime pas ceux des moralistes. Tous les grands auteurs apportent quelque chose. Dans cette période de confinement, j’ai relu Les Thibault (saga romanesque de Roger Martin du Gard, ndlr) ; on y voit des postures de femmes bien embarrassées dans leur siècle. Je pense également à Doris Lessing,

A propos du confinement, que représente ce moment particulier ?
C’est un grand moment de la vie de l’association en termes de solidarité ! Sinon, si ça peut faire changer des choses, tant mieux ! Tant mieux si ça permet à des voisins de ne pas banaliser des situations ou si ça permet d’agir plus vite.

L’association SOS Femmes Vendée vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Elle assure écoute (02 51 47 77 59, Messenger), accueil, hébergement et accompagnement