En garde ! Malgré un calendrier sportif bouleversé, Vincent Guibert, 44 ans, entrepreneur dans l’économie sociale et solidaire, père de trois enfants et membre du Club d’Escrime Du Guesclin de Niort, ne rend pas les armes.

Vincent Guibert aurait dû voir se concrétiser les 30 et 31 mai le résultat de plusieurs mois de travail pour son club, avec l’organisation des épreuves du Championnat de France d’Escrime par le Cercle d’Escrime Du Guesclin de Niort. La situation sanitaire en aura décidé autrement. Mais les escrimeurs maîtrisent l’art de la riposte… Rencontre avec le vice-président du club et président du Comité d’organisation du Championnat de France Niort 2020.

 

Avant de mieux vous découvrir, Vincent, comment vivez-vous la situation présente ?
L’équipe niortaise avait anticipé dès la mi-mars que les épreuves du Championnat de France ne pourraient pas se dérouler à l’Acclameur. Accueillir plusieurs milliers de jeunes et de spectateurs ne semblait pas concevable. Le Ministère des sports et la Fédération Française d’Escrime ont ensuite confirmé cette annulation. Pour nous, il ne s’agit d’ailleurs pas d’une annulation pure et simple. En lien avec la FFE, nous envisageons différentes possibilités, comme une organisation en fin d’année 2020 ou un report à l’année prochaine, au printemps. Mais cela pose bien sûr de nouvelles questions.

En tant que président du Comité d’Organisation, il faudra que j’intègre de nouvelles contraintes issues de cette crise Covid. Tous les partenaires, y compris les plus petits et les plus fragiles, pourront-ils être présents et disponibles ? Pour avoir personnellement passé beaucoup de temps à échanger avec eux sur l’organisation initiale, je n’ai pas de doute sur la volonté commune de poursuivre les partenariats engagés. Par contre, je m’inquiète des conséquences économiques et humaines sur certaines structures : quelles seront les conséquences pour nos partenaires ? Quels seront les surcoûts pour l’organisation ? les adaptations nécessaires ?

Humainement, le Comité d’Organisation sortira plus grand de ce moment : nous aurons appris, gardé la motivation, renforcé la cohésion de groupe, etc. Derrière les nuages, il y a toujours le ciel bleu et le soleil. Charge à nous de maintenir le cap, d’affronter les vagues et les rafales, pour atteindre notre cible. Mais en escrime, nous savons écouter Cyrano « À la fin de l’envoi, je touche. »

 

Justement, parlons escrime ! Comment a débuté votre histoire avec l’escrime le Cercle Du Guesclin ?

J’ai débuté l’escrime à six ans au ROC Escrime de Royan, dont je suis natif, en suivant le mouvement initié par mes aînés. Durant ces deux années, j’ai découvert l’escrime

dans un club familial et j’en garde de bons souvenirs. Mais très vite, mon parcours d’escrimeur s’est installé au Bordeaux Étudiant Club Escrime. Un vrai changement d’en

vironnement : un club centenaire, qui a vu passer nombre de champions de France, du Monde et même Olympique… Mon arrivée au Cercle d’Escrime Du Guesclin de Niort s’est déroulée après près de vingt ans de pause, quand mon fils, à presque cinq ans, a manifesté l’envie de devenir Zorro ! Je ne l’ai pas découragé. Le club accueillait de très jeunes enfants lors de séances dédiées, alliant jeu et sport. Un an après, mon fils aîné a également souhaité se mettre en tenue et monter sur les pistes d’escrime. Enfin au printemps dernier, l’équipe dirigeante du club a dû être reconfigurée. J’ai ainsi rejoint le bureau pour apporter ma pierre à l’édifice.

 

Quelle est votre arme de prédilection ?
Il y a quelques années, je vous aurais répondu sans hésiter : le fleuret, considéré comme l’arme naturelle d’apprentissage, très exigeante. Aujourd’hui, ma réponse serait sans doute l’épée ou le sabre. En fait, chaque arme a sa logique, son esprit, ses qualités et par voie de conséquence chaque escrimeur peut trouver l’arme qui convient à son caractère et ses capacités physiques et mentales. Par exemple, le technicien puriste ira sans doute au fleuret, le stratège à l’épée, l’épris de fougue et de vivacité au sabre.

 

Quel est votre palmarès personnel dans l’escrime ?
Mon palmarès sportif ne compte que quelques compétitions départementales et régionales. Escrimeur, j’aimais surtout ce sport pour son ambiance, sa discipline, sa technicité, pour les rencontres, etc. Je n’avais pas un goût exacerbé de la compétition, tout du moins pas pour mon propre compte. Ce que j’affectionnais plus, c’était accompagner mes camarades sur les tournois individuels et par équipes. Être présent pour les motiver, les soutenir, les conseiller, les coacher et même être le capitaine d’équipe. J’ai ainsi contribué à créer une des premières équipes féminines de sabre, quand cette arme leur a été ouverte. Un vrai beau moment sportif et humain !

 

En tant que tireur, quel est votre plus beau souvenir ?
Mes plus beaux souvenirs résident dans mes leçons individuelles avec deux Maîtres d’Armes qui ont marqué mes années d’escrime : Maître Pierre Beylot, d’une exigence technique absolue, dans la plus pure tradition de « l’escrime à la française », et Maître Gérard Rousseau, qui avait une approche différente et tout aussi performante, plus en douceur, en adéquation avec le mental de l’escrimeur. Chacun de ces Maîtres avait ses « disciples » et mon plus beau souvenir est d’avoir avoir été l’un des très rares jeunes escrimeurs à avoir pu être face à ces deux monuments.

 

Et votre plus grande fierté dans le club ?

Mon aventure au Cercle d’Escrime Du Guesclin est toute fraîche. Cependant, je suis très heureux de participer à un véritable travail de renouveau. Le monde du sport associatif a fortement changé durant les dernières décennies : les attentes et les envies des adhérents sont différentes, parfois avec l’envie de découvrir plusieurs disciplines au fur et à mesures des saisons sportives, souvent avec la volonté de s’épanouir plutôt que de « compétiter », alors que les subventions des institutions restent principalement basées sur les résultats sportifs. Sur ce constat, nous avons défini un vrai projet sportif et associatif.

L’escrime est un sport riche de disciplines et de pratiques. Nous voulons faire de cela la véritable force motrice du club pour que chacun puisse trouver sa place et se faire plaisir dans ce sport. La plus grande fierté pour porter cette ambition de club est d’avoir pu, dès la première année, obtenir l’organisation du Championnat de France d’Escrime. Grâce à cela, nous avons pu fédérer nos adhérents, les bénévoles, renouer les liens avec les partenaires institutionnels, lier de nombreux contacts avec des acteurs privés… Partager ainsi notre énergie et notre envie, et nous renforcer en interne, tout en nous ouvrant sur l’extérieur. Rien n’est jamais acquis, mais le travail entrepris durant cette première année est prometteur !

 

Quelles qualités requiert l’escrime ?
Je vais vous répondre en parodiant une phrase de John Fitzgerald Kennedy : « Ne vous demandez pas quelles qualités il faut avoir pour l’escrime, mais plutôt quelles qualités apportent l’escrime. » Là, je vous dirais : loyauté, respect (des règles, de l’adversaire, de l’arbitre…), tolérance, combativité, esprit d’équipe, autonomie, solidarité, dépassement de soi…

Quelles disciplines de l’escrime propose le Cercle Du Guesclin ?
Au sein de notre Salle d’Armes de l’Acclameur, nous proposons l’escrime dès le plus jeune âge, à partir de cinq ans. De façon ludique, en groupe pour découvrir les bases de ce sport, mais aussi améliorer son placement dans l’espace, sa latéralité, son équilibre, etc. À l’autre bout du spectre, nous avons des plus anciens qui pratiquent soit l’escrime de compétition (en catégorie vétérans), soit dans des groupes d’escrime-artistique ou de sabre-laser ! Plus généralement, le club officie sur les trois armes (épée, fleuret, sabre) au travers de créneaux horaires par catégories d’âges ou de niveaux. Au-delà de nos murs, nous intervenons aussi en milieux scolaire et centres de loisirs pour effectuer des initiations. Nous avons également des ateliers d’escrime historique in situ en partenariat avec un château, et nous travaillons actuellement aux développements de stages pour les entreprises (team-building et incentive, événementiel), et des séances sport-santé (lutte contre cancer du sein, handisport, lutte contre les violences physique ou psychologiques).

 

Qu’aimeriez-vous dire à un/e jeune qui hésite à se lancer dans l’escrime ?
Une seule chose : « Essayez et vous verrez bien ! »
L’escrime n’est pas un sport de masse qui bénéficie d’une couverture médiatique importante. Le plus dur est donc de pousser la porte. C’est pourquoi, le club propose toujours des séances découverte gratuite et sans engagement. Un essai est le meilleur moyen de savoir si l’escrime, sous l’une ou l’autre de ses formes, peut correspondre à ce que l’on cherche, permettre de se faire plaisir, de s’épanouir individuellement ou dans un groupe.

 

Contacts :
Retrouvez le Cercle d’Escrime Du Guesclin sur son site et sa page facebook.