Hélène Khayadjanian a commencé la danse à l’âge de 7 ans. Son parcours exemplaire l’amène à intégrer le Ballet du Nord en tant que soliste. Elle y danse auprès des plus grands chorégraphes, notamment Carolyn Carlson, quand celle-ci prend la tête du ballet. Elle devient une proche collaboratrice de la chorégraphe. En 2016, Hélène crée sa propre compagnie à Saintes, la compagnie LnK pour poursuivre son parcours artistique en tant que chorégraphe et interprète.

 

TDE : Quand a débuté votre carrière de chorégraphe ?

Hélène : Ma toute première expérience chorégraphique, je l’ai vécue au Conservatoire régional de Lyon, à l’âge de 12/13 ans. On nous avait donné l’opportunité de créer une petite pièce. Ce n’est cependant pas la voie que j’ai suivie tout de suite. Ma carrière d’interprète a pris le dessus et tout s’est enchaîné très vite, les propositions, les voyages, les beaux rôles… j’avoue que je me suis éclatée. Mais le ballet peut représenter une forme de cocon, on a l’impression que tout cela est éternel. C’est au Ballet du Nord, où j’étais soliste, que j’ai eu l’opportunité de proposer à nouveau des créations personnelles. Même si, en tant qu’interprète, des chorégraphes comme Maryse Delente ou Carolyn Carlson nous laissaient le champ assez libre en matière de propositions chorégraphiques, l’activité de chorégraphe est une activité qui demande un investissement très différent. J’ai passé mon diplôme d’État en 2003, ce qui m’a permis de devenir professeure, puis j’ai fait une petite pause pour mes enfants et je reviens maintenant, en tant qu’interprète et chorégraphe, pour Madame et Les trois sœurs.

 

TDE : Quel est à ce jour votre plus beau souvenir artistique ?

Hélène : C’est une question difficile, parce qu’évidemment, dans une carrière artistique, il y en a beaucoup ! Il y a quand même un moment très singulier que je garde comme un très beau souvenir. À la fin des années 90, j’ai eu l’occasion d’interpréter Gisèle aux Émirats Arabes, devant un public exclusivement féminin. Les conditions du spectacle étaient très particulières : toutes les femmes étaient voilées et les techniciens devaient baisser les yeux quand nous nous produisions. Mais je garde le souvenir très émouvant de cette représentation.

TDE : Quelles qualités requiert la vie de danseuse et/ou de chorégraphe ?

Hélène : Je crois qu’il faut savoir et accepter de se remettre perpétuellement en question. Rien n’est jamais acquis dans une carrière artistique. Il faut savoir être dans le doute, la recherche, le questionnement. Ce sont des métiers de passion mais qui requièrent tout de même beaucoup de technique et d’exigence. Et en même temps, tout cela est très fragile, tout peut très rapidement être remis en question. Je dirai également qu’il ne faut pas compter ses heures. Le travail ne s’arrête jamais. En tant que chorégraphe, nombre d’idées viennent la nuit. Il faut savoir garder cette vigilance permanente.

 

TDE : Quels sont les moments que vous préférez dans votre activité ?

Hélène : Pour ce qui concerne mon activité de danseuse, d’interprète, c’est évidemment la scène. Il y a vraiment quelque chose de viscéral dans le fait de se produire, cela prend vraiment aux tripes et il est difficile de s’en passer. En tant que chorégraphe, je suis très attachée à l’échange que je peux entretenir avec mes danseuses. Je suis exigeante avec elles parce que mes pièces sont difficiles mais, pour avoir connu en tant que danseuse trop de situations de crises et de tensions, je fais très attention à être bienveillante, à être dans le dialogue, dans la compréhension. Je crois fermement que l’on peut concilier cette demande d’exigence qu’impose toute forme artistique et une écoute, une attention aux autres. Enfin, en tant que professeure, j’aime l’adaptation que demande chaque élève. Tout le monde n’a pas le même niveau mais je me dois d’amener chacune au meilleur de ce qu’elle peut donner. Chaque être est important.

 

TDE : Qu’aimeriez-vous dire à quelqu’un qui hésite à venir découvrir vos créations ?

Hélène : J’ai du mal à expliquer mon travail, qui relève à la fois de la danse et du théâtre. Je crois que le mieux, c’est évidemment de venir le voir. Je pense vraiment que Madame et Les trois sœurs sont des pièces qui ne laissent personne indifférent. Il y a un vrai travail sur l’émotion, on ne peut pas ne pas ressentir quelque chose.

 

Merci Hélène !

 

Madame et Les trois sœurs, d’Hélène Khadjanian, Cie LnK, le 26 octobre à 20h30, à la salle de l’Arsenal du Château d’Oléron.
Renseignements, réservations : www.compagnielnk.com

crédit photo : Ryam Riehl