Représentée comme l’un des épicentres de l’histoire de la Rome antique, Saintes, capitale de l’Aquitania en Charente-Maritime, recense un panel de bâtiments romains bien conservés. Si vous êtes amenés à traverser la ville, nous vous invitons à vous arrêter aux endroits de ces vestiges, comme l’amphithéâtre ou encore l’arc de Germanicus. Cet arc situé en bordure de la Charente ; véritable cadeau fait à l’empereur Tibère, il demeure un édifice symbolique.


Le contrôle de la ville de Saintes par les Romains depuis le ier siècle

Tout d’abord, n’allez pas confondre l’arc antique de Germanicus avec l’arc de Triomphe de Paris… Évidemment, comme vous pouvez vous en douter, ils ne sont pas implantés au même endroit et n’ont été pas construits à la même époque. En effet, l’arc de Germanicus date de la Rome antique. Il a été érigé en l’an 18 ou 19, à Saintes, par un riche citoyen de la ville : Caius Julius Rufus.

Cet ouvrage devait être le témoin de la puissance romaine ainsi que de la domination qu’elle exerçait sur la société. Il avait une position stratégique parfaite pour faire passer ce message, car il se trouvait, à l’époque, à l’entrée de la ville. Ainsi, tout visiteur approchant de Saintes savait qu’il pénétrait dans une cité sous le joug romain. Cet arc a été bâti lors de l’avènement de l’époque romaine.

En 1843, l’arc évita de justesse la démolition. C’est grâce à la demande faite par Prosper Mérimée que l’édifice fut déplacé de moins d’une trentaine de mètres afin de pouvoir effectuer des rénovations sur les quais du fleuve traversant la ville. Cet ouvrage est classé parmi les monuments historiques depuis 1905.

 

pierres arc de germanicus

 

Un ouvrage dédié à l’empereur et à sa famille

Cette œuvre est un cadeau, un don fait à l’empereur Tibère ainsi qu’à son fils Drusus II et son neveu Germanicus, devenu son fils adoptif.

 

Le respectable empereur Tibère

De son nom latin, Tiberius Claudius Nero, l’empereur Tibère est le deuxième empereur romain. Il régna de 14 à 37 et appartenait à la dynastie julio-claudienne. Fils adoptif d’Auguste, il sut se distinguer par sa force militaire en dirigeant tout un escadron aux côtés de son frère Drusus I. À la mort de son père adoptif, il hérita du trône romain ainsi que d’un pouvoir militaire hors de Rome et d’un pouvoir civil à Rome. On le dépeint comme un prudent mais fin politicien ayant su s’imposer au sénat.

 

Son fils adoptif Germanicus

Caius Julius Caesar est le neveu de Tibère à qui il fut confié après la mort de son père. Puis il devint son fils adoptif, donc prétendant à la succession de la dynastie. Du fait de son savoir immense ainsi que de son talent à s’exprimer – en grec et en latin –, il fut un général romain reconnu durant son existence. Ce sont d’ailleurs ses victoires contre le peuple germanique qui lui valurent son surnom : Germanicus. Il mourut des suites d’une maladie avant même de pouvoir succéder à Tibère.

 

Son fils Drusus II

Julius Caesar Drusus, en latin, est le fils de Tibère et de Vipsania Agrippina. Resté dans l’ombre de son père et de son cousin Germanicus de nombreuses années, Drusus devient l’un des plus fidèles collaborateurs de son père Tibère après la mort de Germanicus en 19. Il réussit à se faire une place en tant que consul et tribun de la plèbe pour défendre les droits du peuple. Il mourut tragiquement, empoisonné par sa femme et Séjan – un conseiller majeur de Tibère, mais aussi un traître !

 

façade arc

 

Un monument d’époque préservé

Une dédicace glorifiante

Cet édifice, bâti par Caius Julius Rufus, est un ouvrage dit « votif », car il a été offert à l’empereur Tibère et à sa descendance pour leurs actes victorieux. Si vous l’observez de près, vous pourrez entrevoir des inscriptions gravées en latin. Ce sont des dédicaces à l’intention de l’empereur et de ses fils.

Cet arc symbolise l’édification de la via Agrippa qui était la route créée par les Romains afin de relier la mythique capitale des Gaules, Lugdunum (Lyon), à la capitale de l’Aquitania, Saintes. Cette route permettait de faciliter les échanges et les trajets entre ces deux villes majeures. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’on dit à son sujet qu’elle est un arc « routier » à deux passages voûtés. En effet, son créateur l’a aussi construite dans une logique de gestion de la circulation, avec une voie à gauche et une à droite en vue de désigner l’entrée ainsi que la sortie de la ville. Ce système fut le précurseur de la circulation alternée encore bien présente dans toutes nos sociétés contemporaines.

 

Une architecture à la hauteur de la domination romaine

Rénové à deux reprises, en 1666 puis en 1851, déplacé en 1843, l’arc de Germanicus n’a rien perdu de son charme, ni de sa splendeur romaine. Il impressionne toujours avec ses 15 m de haut et ses 16 m de large.

Certes, cet ouvrage n’est pas le plus décoré et le plus sculpté parmi tous les édifices romains ou religieux de la ville. Cependant, sa taille lui permet de s’imposer dans ce paysage urbain. Lorsque vous vous rendrez à Saintes, vous pourrez contempler les pierres d’origine, en majeure partie remontées à la hâte, qui lui donnent ce côté irrégulier et brute.