À 61 ans, Gérard Pont dirige la maison Francofolies. Ce passionné de musique a commencé à organiser ses premiers concerts depuis sa Bretagne natale, à une époque où les festivals musicaux ne connaissaient pas encore le rayonnement qu’on leur connaît aujourd’hui. Il est revenu pour Territoire d’Émotions sur cette carrière bien remplie.

TDE – Comment débute votre aventure dans la musique et le spectacle ?

GÈrard Pont

Gérard : J’ai commencé à organiser mes premiers concerts dès 1977. D’abord du jazz, avec des artistes comme Stéphane Grappelli ou le trio Texier-Jeanneau-Humair puis, très vite, j’ai commencé à organiser des concerts de chanson française, avec des gens comme Dick Annegarn, Yves Simon, Jacques Bertin. Mais c’était en amateur ! Professionnellement, j’étais libraire à Brest. Assez rapidement, j’ai eu envie de créer un festival. Il s’appellera Élixir et accueillera, entre 1979 et 1986, des artistes comme Léonard Cohen, The Clash, Joe Cocker, The Stray Cats, Simple Minds, Depeche Mode… à une époque où ce n’était pas très courant de faire venir des artistes pareils en France. En 1986, je quitte ma librairie pour devenir animateur sur France 3 Ouest et je deviens responsable de la communication d’un autre festival, les Transmusicales. En 1988, je m’installe à Paris et je deviens responsable de la communication des Relais H. Parallèlement, je créé, à Saint Malo, le festival littéraire Étonnants Voyageurs, avec Michel Le Bris. Enfin, en 1991 je créée Morgane Production, société de production télévisuelle.

TDE – Et l’aventure des Francofolies ?

Pendant 3 ans, de 1997 à 1999, Morgane Production a produit Captain Café, sur France 3, une émission présentée par Jean-Louis Foulquier, le créateur des Francofolies de La Rochelle. C’était une émission sur la chanson française, qui a vu se produire des artistes naissants, comme M, Sanseverino, La Grande Sophie… Quand Jean-Louis Foulquier a souhaité passer la main, il m’a proposé de lui succéder à la tête des Francofolies. Et c’est comme ça que je suis entré dans cette aventure un peu folle.

 

TDE – Quel est votre plus beau souvenir de programmateur et directeur des Francos ?

J’en ai évidemment de très nombreux. Chaque année apporte son lot de grands moments. Pour en citer parmi ceux qui me tiennent le plus à cœur, je dirais qu’il y a eu l’un des derniers concerts d’Alain Bashung et l’un des derniers concerts de Johnny Halliday, mais aussi la reformation de Malicorne ou encore le retour sur scène d’Yves Simon après trente ans d’absence.

TDE – Quelles doivent être les qualités essentielles d’un programmateur ?

Il faut avoir des convictions artistiques, vouloir les affirmer et savoir les défendre. Il faut savoir négocier. Et il faut savoir dire non.

TDE – Quel est le secret du succès et de la longévité des Francos ?

Comme pour beaucoup de festival, on peut citer la convivialité, le partage, l’émotion, les découvertes, la fête. Mais dans le cas des Francofolies, je crois qu’on peut dire aussi que c’est un festival qui depuis sa création a une ligne éditoriale claire, lisible, constante, autour de la chanson française et des artistes de la scène francophone. Le festival a également toujours fait très attention à la qualité de l’accueil du public et des artistes, avec une politique tarifaire accessible à tous. C’est aussi un évènement ancré dans un territoire avec une forte identité.

TDE – Quel est le moment que vous préférez durant le festival ?

Quand on s’occupe d’un festival comme les Francos, on a évidemment droit à des petits moments privilégiés. Pour ma part, j’adore être caché sur le côté de la scène et voir se réaliser le mariage entre l’artiste et le public. Ce moment d’émotion partagée n’a pas de prix.

 

TDE – Les Francofolies organisent chaque année sur la Grande Scène « la Fête à » un artiste qui compose lui-même sa programmation. Quelle serait la programmation idéale de « La fête à… Gérard Pont » ?

Il y aurait Alain Souchon, Manu Chao, Gaëtan Roussel, Maissiat, Pierre Lapointe, Angèle, Gérard Manset… Malheureusement, les autres sont morts.

TDE – Quels conseils donneriez-vous à un jeune artiste ou un jeune groupe qui souhaite débuter aujourd’hui dans la chanson ?

Je conseillerai avant tout de postuler au Chantier des Francos. C’est le premier dispositif d’accompagnement de jeunes artistes qui a été créé en France il y a plus de vingt ans. Les artistes en début de carrière professionnelle y reçoivent les conseils de pros et sont programmés lors du festival dans une programmation dédiée.

Merci Gérard !