Les Francofolies de La Rochelle font battre chaque été le cœur de la ville. Le report de l’édition 2020 a bien évidemment sonné tous les amoureux de musique, dont l’équipe du festival. Sa directrice, Morgane Motteau, promet déjà une édition 2021 qui comptera pour deux… et nous annonce une surprise pour cet été 2020 !

Les Francofolies devaient se dérouler du 10 au 14 juillet, pour une édition qui s’annonçait exceptionnelle, tant en terme de programmation que de fréquentation. Hélas, la situation sanitaire et l’impossibilité des grands rassemblements qui en a découlé, ont interrompu brusquement le travail de toute une année, et de toute une équipe. Morgane Motteau, 34 ans, directrice exécutive du festival, revient avec nous sur cette situation inédite.

Morgane, pouvez-vous nous rappeler la situation concernant les Francofolies de La Rochelle ?
Quand nous avons compris que la 36ème édition des Francofolies ne pourrait pas se tenir comme prévu du 10 au 14 juillet, nous avons très rapidement pris la décision de travailler sur la possibilité d’un report plutôt que d’une annulation pure et simple. Pour nous, ce n’est pas la même chose : cela veut dire que les rendez-vous attendus entre les artistes et le public, qui sont comme des promesses, pourront se tenir… avec juste une petite année de retard. Nous essayons même de reporter « date à date », c’est-à-dire du 10 au 14 juillet 2021, même si évidemment il y aura sans doute quelques petites adaptations. Mais enfin, ça nous donne un cap. Nous avons contacté tout de suite les producteurs et les artistes et nous avons déjà des retours très positifs, avec une vraie dynamique, une envie de retrouver au plus vite la scène. On a très bon espoir d’annoncer ou de confirmer quelques premiers noms de la prochaine édition d’ici à cet été. Mais ce prochain festival, nous aurons aussi à cœur d’en proposer une version « augmentée », nous allons évidemment étoffer la programmation prévue, ce ne sera pas juste un copier-coller, il y aura aussi les artistes que l’on va voir émerger durant toute l’année à venir.

 

Quels devaient être les temps forts de cette édition 2020 ?
Le report a été d’autant plus un crève-cœur pour nous que cette édition s’annonçait grandiose. Déjà, uniquement sur les réservations, nous partions pour une année record, avec près de 45 000 billets déjà vendus. Les Francofolies, pour tout le monde, c’est évidemment la Grande Scène au pied des Tours, et nous devions par exemple accueillir cette année Jean-Louis Aubert ou encore les grands noms de la scène rap, avec un groupe rare comme P.N.L. Mais les Francofolies, c’est aussi, pour beaucoup de festivaliers, une somme d’événements et d’à-côtés partout dans la ville, pour lesquels ils sont de plus en plus fidèles : les débats avec les artistes à la Maison des Francos, les rencontres « J’ai la mémoire qui chante » où des célébrités évoquent leurs souvenirs de chansons, les Folies Littéraires, les projections des Francos Stories, le Village Francocéan et ses réflexions sur notre futur, avec ses conférences décalées, pour tous les âges… Cette année, nous devions aussi inaugurer une nouvelle Scène Découvertes sur le quai Valin, avec une quinzaine d’artistes qui devaient se produire. Bref, il y avait beaucoup de grands moments attendus !

 

À quel moment avez-vous su que tout cela ne serait pas possible cette année ?
L’annonce du président de la République, le 13 avril, a confirmé ce que nous redoutions depuis quelques jours. Pour être très franche, il est possible que nous ayons été collectivement un peu aveugles dans les premiers temps. Au début des difficultés sanitaires, juillet semblait encore loin, on se disait qu’on serait sans doute sorti de cette crise terrible. Nous comptions aussi sur le fait que notre programmation rassemble essentiellement des artistes de la scène française, avec peu de mouvements internationaux, et que nos équipes étaient suffisamment rodées pour pouvoir assurer le montage des scènes même en démarrant mi-juin… Bref, on ne voulait pas se dire que nous aussi, nous allions être confrontés à cette situation inquiétante. On a travaillé jusqu’au bout.

 

Quel a été votre état d’esprit à ce moment-là ?
Pour tout le monde, ça a été un moment de grande déception, et en même temps, évidemment, de compréhension face à l’urgence de la situation sanitaire et au soutien que l’on devait aux soignants. Tout le monde comprenait bien qu’il n’était pas question de faire courir le moindre risque, à notre public, à nos artistes, à nos équipes. Un festival comme les Francofolies, ça mobilise toute l’année toutes nos équipes, sur Paris et La Rochelle, c’était donc très difficile d’admettre qu’on n’irait pas au bout. On forme des gens et de nouvelles équipes aussi, d’une année sur l’autre, et là, ça s’arrêtait tout d’un coup. Je crois que l’idée de travailler sur un report plutôt qu’une annulation va contribuer à remobiliser les équipes. L’énergie qui a été mise dans cette édition, on va la retrouver dans la prochaine.

 

Avez-vous reçu des messages de soutien ?
Immédiatement. Ça a été incroyable. Sur les réseaux sociaux, sur nos téléphones, nos mails… De la part des artistes, du public, de nos partenaires. C’est quelque chose qu’on a parfois du mal à mesurer, le soutien de tous ces gens. Mais là, ça s’est exprimé de manière tellement spontanée, tellement immédiate que ça nous a tous fait beaucoup de bien. Les Francofolies mettent depuis longtemps en avant les valeurs de proximité, de partage, d’échange… Je pense que nous devons évidemment y ajouter la solidarité. Le soutien, l’attachement de nos partenaires, qui se sont également montrés force de proposition, est quelque chose qui nous a beaucoup touchés.

 

Comment envisagez-vous les mois à venir ?
Les Francofolies développent de très nombreuses actions toute l’année, sur son territoire rochelais, mais bien au-delà. Il y a évidemment le Chantier des Francos, notre dispositif d’accompagnement des artistes, qui se réinvente en permanence et propose déjà aux artistes de la sélection 2020 un « Chantier confiné », avec un accompagnement à distance par les professionnels habituellement présents, et un report très probable à l’automne des sessions et des concerts annulés au printemps. Le Chantier continue à promouvoir les artistes qu’il avait sélectionné pour 2020, propose un podcast pour les écouter, etc. Les dispositifs de Francos Éduc continuent eux aussi à proposer d’autres moyens de découvrir la chanson et la scène française, avec l’accueil de jeunes élèves dans Ma Classe Chanson, la formation des enseignants et des professionnels de la culture avec le Chantier des Profs, ou encore les ressources musicales et pédagogiques en ligne les Enfants de la Zique, qui invitent cette année la chanteuse Jeanne Cherhal.

 

Est-ce que vous envisagez quand même un petit quelque chose cet été ?
Oui ! Et plus qu’un « petit quelque chose »… On ne pouvait pas se résoudre à laisser passer les dates du festival sans organiser des événements en ville, cela aurait été trop triste. Au gré de l’évolution des consignes sanitaires, nous avons commencé à réfléchir à des propositions culturelles et, évidemment, musicales, qui témoignent de l’attachement des Francos à être avec les Rochelais au début de la saison estivale. C’est chose faite : nous proposons une programmation adaptée « Y’a des Francos dans l’air », avec une radio, un concert unique, des balades chantées, une chorale géante, des expos, etc. Bref, les Francos seront là, et bien là, cette année aussi !

Merci Morgane, et bon courage à vous et à toute l’équipe des Francos !

 

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Y a des Francos dans l’air !