La chanteuse électro devait se produire cet été aux Francofolies de La Rochelle, reportées. Elle est revenue pour Territoire d’émotions sur son histoire avec le festival rochelais.

On n’échappe pas à Suzane. Artiste engagée, féministe, écologiste, Suzane distille ses tubes électro efficaces dans toutes les playlists du moment. Très reconnaissable dans sa remarquable combinaison bleue et blanche, la chanteuse impressionne par sa tranquille – mais très énergique – assurance sur scène, justement remarquée et récompensée lors des dernières Victoires de la musique, dans la catégorie « révélation scène ». Sélectionnée au Chantier des Francos en 2018, Suzane devait défendre cet été son premier album, Toï Toï, sur la Grande Scène Jean-Louis Foulquier du festival rochelais. Hélas, la crise sanitaire a contraint au report des Francofolies, et il ne nous reste plus qu’à attendre avec impatience le retour de Suzane dans la programmation 2021. En attendant ces jours meilleurs, la chanteuse a accepté de nous livrer ses impressions sur les Francos et la situation présente.

 

Suzane, comment a débuté votre histoire avec les Francofolies ?
Les Francofolies ont très vite fait partie de mon histoire. En 2016, alors qu’à cette époque je n’avais encore sorti aucun titre, j’ai eu la chance d’être contacté par le Chantier des Francos pour venir échanger et tester de nouvelles choses sur mon projet naissant !

Pouvez-vous nous parler de ce passage au Chantier des Francos ?
C’est une expérience qui a été marquante, autant au niveau artistique qu’humain ! J’y ai rencontré des artistes que j’ai recroisés ensuite, il y a un esprit très « colonie de vacances », même si on y travaille beaucoup, donc on repart avec beaucoup de beaux souvenirs.

Vous deviez vous produire aux Francofolies de La Rochelle cet été, comment avez-vous vécu le report du festival ?
C’était dur d’entendre que ces Francofolies 2020 ne se feraient pas… Bien sûr, la plupart des autres grands festivals ont été annulés, mais les Francofolies tiennent une place particulière dans mon cœur puisque c’est un des premiers festivals à m’avoir accueillie. En 2018, j’ai eu la chance de pouvoir me produire entre Big Flo & Oli et Lorenzo, le temps des changements de plateau, sur la Grande Scène Jean-Louis Foulquier, la scène « mythique » des Francos. J’ai un souvenir incroyable de ces quinze minutes intenses sur scène… Là, j’attendais cette date avec impatience pour jouer mon album entier sur la même Grande Scène Jean Louis Foulquier, mais en artiste programmée cette fois-ci, pas seulement en « guest ». J’espère que ce ne sera que partie remise pour 2021 !

Qu’est-ce que le temps du confinement et cette situation sanitaire difficile vous inspire ?
L’arrêt de la tournée a été soudain : croche-patte du Coronavirus pour tous les artistes ! Je me suis sentie comme bloquée dans un épisode de Black Mirror dans les premiers temps, c’était assez irréel. J’avais du mal à écrire, comme si la connexion était brouillée, et puis c’est revenu progressivement ensuite… Maintenant… est-ce que les masques qui rendent les sourires invisibles, les bonjours de loin, ce sera la suite de l’épisode ? Je crois, malgré tout ça, que le positif, dans ce confinement, c’est de voir à quel point les humains ont besoin de rester connectés les uns aux autres. On a réussi à continuer nos vies derrière nos écrans, mais j’espère qu’un jour – le plus rapidement possible – on pourra de nouveau se rassembler dans la vraie vie ! C’est donc plutôt la suite qui m’inspire !

Est-ce que cette situation renforce vos engagements artistiques ?
Je reste persuadée que la musique est une arme de pointe pour faire passer des messages qui peuvent fédérer. J’écris souvent sur des sujets qui me frappe dans le quotidien : le harcèlement des femmes, l’homophobie, le changement climatique… En mars 2018, j’ai écrit un titre de mon album, Il est où le SAV, qui parle justement d’écologie, lors d’une tournée en Chine. J’y jouais dans plusieurs villes chinoises, dont Wuhan, le foyer de cette pandémie mondiale. J’étais choquée par la pollution et par ce que pouvait provoquer l’activité humaine sur notre planète. Ce genre de problèmes n’a pas de frontière, et dans ma chanson, j’ai voulu défendre ce message qui prend aujourd’hui une nouvelle dimension. Je suis triste de savoir que cette ville est désormais tristement célèbre.

Comment envisagez-vous les semaines et mois à venir ? avez-vous un peu de visibilité sur votre tournée ?
À l’heure où je vous parle, la vie a repris mais dans une « version limitée ». Je n’ai par exemple pas pris le train depuis plus de deux mois, moi qui suis habituée à le prendre presque quotidiennement. Et puis, il y a ces masques qui cachent les visages de mes voisins de train, le décor est le même mais on sent que quelque chose a changé. J’espère que dans les mois à venir, la solidarité que l’on a porté jusqu’à nos fenêtres restera dans la vraie vie, et bien sûr j’ai hâte de pouvoir remonter sur scène même si je ne sais pas quand exactement, ça voudra dire qu’on pourra enfin danser tous ensemble !

Merci beaucoup Suzane, et nous espérons nous aussi vous revoir très rapidement sur scène !

Suzane était programmée cet été aux Francofolies de La Rochelle, dont vous pouvez suivre l’actu sur internet, facebook, instagram, twitter, youtube
Le Chantier des Francos continue pour sa part l’accompagnement des artistes sélectionnés en « mode confiné ». Les concerts qui devaient se tenir au printemps 2020 sont prévus cet automne ! Retrouvez toutes les infos du Chantier sur facebook et instagram.

© photo : Loll Willems/Francofolies