Les mollusques à coquille marins sont une source d’alimentation appréciée depuis la préhistoire, comme en témoignent les amas coquilliers découverts par des archéologues. Les Grecs utilisaient les coquilles d’huîtres comme outils de vote et considéraient les mollusques comme des produits aphrodisiaques ; quant aux Romains, ils appréciaient fortement ces aliments subtils. L’activité conchylicole occupe une place importante en Charente-Maritime.

 

La conchyliculture : qu’est-ce que c’est ?

Étymologiquement, le mot conchyliculture vient du latin concha et du grec ancien κόγχη, kógkhê signifiant « conque » ou « coquillage ». La conchyliculture est une activité d’élevage de coquillages qui s’exerce sur des parcelles maritimes accordées par l’État, regroupant principalement l’ostréiculture (huîtres) et la mytiliculture (moules), mais également la cérastoculture (coques) ou encore la vénériculture (palourdes). Cette activité, très présente en Charente-Maritime, profite aux employés permanents ainsi qu’aux saisonniers avec 8 000 postes en 2001, générant un chiffre d’affaires de 245 millions d’euros. Ainsi, le département charentais est le plus important bassin conchylicole français et européen.

 

L’ostréiculture

Venant du latin ostrea signifiant « huître », l’ostréiculture est une activité qui consiste à élever des huîtres dans des bassins ostréicoles. Cette culture fit son apparition dans le département en 1925, sur la presqu’île de Fouras-Les-Bains. Aujourd’hui, la Charente-Maritime est réputée pour l’affinage particulier apporté aux huîtres, sous l’appellation « Marennes-Oléron », ce qui leur donne cette saveur marine si singulière au goût prolongé en bouche. Leur culture se fait en 3 phases :

  • Le captage des naissains, soit la naissance des larves d’huîtres qui, au bout de 15 jours, iront s’agripper sur des collecteurs mis en mer dans des parcs spéciaux (Fouras). La jeune huître commence alors son développement de manière naturelle pendant 1 an sans intervention humaine – particularité de la Charente-Maritime et du bassin d’Arcachon.
  • L’élevage des huîtres se poursuit ensuite sur 2 ans à l’aide de tables élevées ou des filières, suspendues dans l’eau, sans contact avec le fond, et à l’intérieur de poches ostréicoles disposées dans des parcs dédiés (Brouage, île de Ré). Ces bassins sont régulièrement contrôlés par les ostréiculteurs qui prennent soin de leurs cultures afin d’éviter toutes altérations.
  • L’affinage, sous l’appellation « fine de claires » et « spéciale de claires » en Charente-Maritime, permet de fixer 3 critères (durée d’affinage, densité d’huîtres au m² et taux de chair) donnant ainsi son goût unique à l’huître.

 

ostreiculture

 

La mytiliculture

Mot d’origine latine mytilus faisant référence au « coquillage » ou « moule », l’activité de mytiliculture consiste à élever des moules au sein d’espaces dédiés. Cette pratique remonte au xiiie siècle avec son apparition dans la baie de l’Aiguillon. La Charente-Maritime abrite 2 importantes zones du littoral cultivant des moules : la baie de l’Aiguillon et la baie d’Yves, désignant le département comme l’une des plus importantes zones mytilicoles françaises. La culture des moules de bouchot se fait également sur différentes étapes suivant le même modèle que les huîtres :

  • Le captage des naissains sur des cordes de bouchot ou encore sur des filières, suspendues dans l’eau sans contact avec le fond, en plein milieu de la mer.
  • L’élevage des moules se fait soit sur bouchots en bas de l’estran, qui est la zone de balancement des marées, soit sur filières en eau profonde (La Rochelle). On appelle « bouchots » les pieux en bois étant alignés et enroulés de cordes, qui servent de support au développement des moules (Oléron). C’est de là que vient l’appellation « moules de bouchot ».

 

mytiliculture

 

Les principaux bassins conchylicoles en Charente-Maritime

La Charente-Maritime regroupe de nombreux bassins conchylicoles importants en France et en Europe. Positionné entre les estuaires de la Gironde et de la Charente, le bassin de Marennes-Oléron est une zone d’élevage essentiellement destinée à l’ostréiculture depuis le xviiie siècle. Plusieurs espèces d’huîtres se reproduisent dans ce bassin (plate, portugaise, japonaise). La zone ostréicole vaut le détour avec ses nombreuses cabanes de pêcheurs colorées et son air marin en bord de littoral. C’est une référence géographique européenne en matière d’affinage et de production des huîtres ayant même sa propre appellation « huîtres Marennes-Oléron ». La ville de Brouage, quant à elle, concentre l’exploitation mytilicole, seconde activité charentaise.

Le secteur nord Charente est une zone d’exploitation regroupant l’ostréiculture et la mytiliculture sur différents territoires comme la baie de l’Aiguillon, site réputé mondialement, Esnandes, Marsilly, la baie d’Yves, Fouras et l’île d’Aix.

 

Les bienfaits de ces coquillages marins

Depuis quelques années, nous sommes plus attentifs à notre santé et à l’environnement. D’ailleurs, il faut savoir que la conchyliculture à des effets positifs tant sur le plan alimentaire que sur le plan environnemental.

Si ces coquillages marins n’ont pas un aspect très appétissant, ils sont cependant riches en protéines (fer, phosphore, minéraux, cuivre) et en nutriments, constituant d’excellents apports nourriciers faibles en calories. Du côté de l’écoresponsabilité, la Charente-Maritime se mobilise, avec l’aide de partenaires, pour recycler toutes les coquilles marines ainsi que les poches à huîtres et en faire, qui sait, de nouvelles matières.

De plus, il faut savoir que ces mollusques marins agissent sur la biodiversité marine. En effet, les coquillages enferment le gaz à effet de serre, soit le CO2, afin de produire leur propre coquille, et ingèrent les nutriments (algues) ou l’azote présent dans les eaux. Ils en améliorent ainsi la qualité grâce aux nombreux supports de production, tels que les tables, les filières ou les bouchots, participant au développement de la biodiversité de la faune et de la flore marine. Ces installations côtières contribuent à ralentir l’érosion en atténuant la puissance des vagues par leur présence, protégeant par la même occasion les habitations du littoral.

 

Crédits photos : 
Jean-Pierre Bazard
Jp.didier92
Colsu