Stéphane Burlet, informaticien de 45 ans, pratique et enseigne le Taekwonkido, un art martial coréen, à Villeneuve-la-Comtesse et Aulnay, en Charente-Maritime. Pour Territoire d’émotions, il présente cette discipline singulière et revient sur son parcours.

Stéphane, comment a débuté votre histoire avec les arts martiaux, et avec le Taekwonkido en particulier ?

Je pratique depuis mes 16 ans. Ado, en Seine-et-Marne, j’étais fan de films d’Arts martiaux : Bruce Lee, Jacky Chan… Un club de Taekwondo a ouvert dans ma ville. J’ai tout de suite été fasciné par la discipline et le professeur. Le club fait partie d’une grande école d’Arts martiaux coréens, où l’on pratique le Taekwondo, l’Hapkido, le Taekwonkido. Cette école organise de nombreux stages, des compétitions – combats et techniques – ainsi que des déplacements à l’étranger pour des rencontres animées par des Grands-Maîtres. J’ai ainsi eu la chance de partir au Vietnam, à Singapour et plusieurs fois en Corée, et de progresser rapidement. J’ai passé ma ceinture noire et j’ai commencé à enseigner. Cela fait plus de vingt ans et je n’ai jamais arrêté.

Pouvez-vous nous présenter le Taekwonkido ? Quelles valeurs véhicule-t-il et en quoi se distingue-t-elle d’autres arts martiaux ?

Le Taekwonkido est un Art martial coréen, cousin du Taekwondo. Il met l’accent sur le combat réel davantage que sur la compétition. Le côté self-défense est très développé, avec une recherche de puissance. À partir d’un certain grade, on s’exerce notamment avec un exercice de casse en puissance sur des planches. On recherche aussi l’efficacité maximale en utilisant correctement son centre de gravité. Lors des entraînements, on insiste énormément sur la notion de respect mais aussi le goût de l’effort, la patience et la tolérance. Le Taekwonkido apporte de nombreux bienfaits. Il améliore considérablement la confiance en soi. Il apprend aussi à canaliser son énergie. Les enfants, et les adultes, gagnent en concentration.

Qui peut pratiquer le Taekwonkido ? quelles qualités physiques requiert ce sport ?

Le Taekwonkido est adapté aux enfants, à partir de 6 ans, mais aussi aux ados, adultes et seniors. Notre doyen, la saison dernière avait 65 ans. Le Taekwonkido s’adresse autant aux hommes qu’aux femmes et la discipline ne nécessite aucune qualité physique particulière. Nous travaillons toutes les qualités nécessaires : conditions physiques, musculation, souplesse, équilibre, agilité…

Pouvez-vous nous présenter votre club ?

Le club, Taekwonkido Phenix, existe à Villeneuve-La-Comtesse depuis Septembre 2015. Depuis deux ans, nous comptons également une section à Aulnay. La saison dernière, le club accueillait quarante licenciés, dix femmes et trente hommes, de 7 à 65 ans.

Comment se déroule une « séance-type » de Taekwonkido ?

Les séances débutent par le salut. D’abord au drapeau qui représente le Taekwonkido, puis au Maître. Ensuite vient l’échauffement. Nous travaillons selon des thèmes : parfois des combats, parfois des « formes » (des enchaînements codifiés de mouvements, un peu comme les Katas du Karaté). Quand on s’entraîne aux combats, on utilise des gants de boxe et tout un ensemble de protections qui nous permettent de nous entraîner sans nous blesser. Les enfants adorent. On peut aussi travailler des parties un peu plus acrobatiques avec des coups de pied sautés. Cela développe la détente et l’agilité. En fin de séance, on renouvelle le salut au Maître et au drapeau.

Quel est « l’esprit » du club ?

L’état d’esprit du club est le « Do », une notion que l’on retrouve dans tous les Arts martiaux, la plus importante à mes yeux. Elle désigne la bonne attitude à avoir, la manière de se comporter, en toute occasion : respect des autres, respect de soi, respect des règles. Je suis content si mes élèves obtiennent une médaille (surtout content pour eux). Mais je suis mille fois plus fier d’eux s’ils font preuve d’un bon état d’esprit (dans la victoire ou la défaite). On favorise l’entraide et la solidarité. On voit souvent les Arts martiaux comme un sport individuel. Ma vision est tout autre. On met vraiment l’accent sur l’équipe et le travail collectif. Il n’y a pas de gagnant et de perdant. Si on fait les choses correctement, on est tous gagnants. Je vois les Arts martiaux comme un moyen d’apporter un peu de sérénité et de paix. Quand on progresse, on apprend à se maîtriser à se concentrer. Ma plus belle réussite, c’est quand un parent me dit que son enfant est plus calme à l’école, plus concentré et moins bagarreur.

Quels moments importants rythment la vie du club ?

Nous sommes plutôt dynamiques. Tous les ans, nous organisons la galette des Rois et nous invitons tout le monde : les amis, la famille, les voisins, les habitants, les élus… Le club offre la galette et le cidre. Pour l’occasion, nous faisons une démonstration, histoire de montrer ce qu’on a appris. Puis nous proposons une initiation. Les frères et sœurs qui n’ont jamais voulu essayer ou les parents qui n’osent pas, se retrouvent sur les tatamis pour tester la discipline. Tous les ans, nous participons également à la Coupe de Taekwonkido en région parisienne. On part pour le week-end avec une nuit à l’hôtel. c’est l’aventure. Dès que nous le pouvons, nous participons aussi à des stages dispensés par les Maîtres fondateurs, ou nous organisons des démonstrations, comme celle proposée lors de l’Assemblée générale du Crédit Mutuel ou celle de l’Association des Donneurs de Sang, entre autres événements. Ce sont des souvenirs inoubliables et tellement simples. On a des parents formidables qui nous suivent depuis le début et nous apporte leur aide précieuse. Ils ont bien compris qu’avant tout, on était là pour se faire plaisir. Ce sont nos maîtres-mots : convivialité et plaisir.

Quelles conséquences la crise sanitaire a-t-elle sur la vie du club ?

Une loi des Arts martiaux est de savoir s’adapter, c’est ce que nous avons fait. En pratique, nos adhésions ont baissé de moitié. Les gens ne voulaient pas s’inscrire sans avoir la certitude de pouvoir pratiquer. Je les comprends. Pour autant, notre discipline est suffisamment riche pour que l’on propose des solutions. Lors du premier confinement, j’ai tourné des séquences vidéos que j’ai diffusées sur internet. Nous avons même pu organiser une compétition technique en visio : deux jeunes élèves ont filmé leurs « formes », qu’un jury a visionné et évalué. J’ai également proposé des cours en visio, ouverts à tous. Je voulais que tous les gens aient la possibilité de pratiquer un peu de sport chez eux, dans leur salon. Ensuite, en juin, le protocole s’est assoupli et l’on a pu pratiquer dehors, par groupe de dix et sans contact. Nous n’avons pas été à court d’idées. Je suis convaincu que quand on veut faire quelque chose, on trouve des solutions.

Vous aviez en projet un voyage en Corée du Sud ?

Oui, je veux absolument que mes élèves puissent profiter de cette expérience incroyable de suivre un enseignement auprès des Grands-Maîtres Coréens, comme j’ai pu moi-même en bénéficier. On en sort vraiment grandi et transformé. Depuis des années, je parle de la Corée aux élèves. Je leur ai donné envie d’y aller. Avec six élèves, on fera le voyage. On se sait pas encore quand, mais on le fera. Il était prévu l’été dernier, mais cela n’a pas été possible. On le planifie à nouveau à l’été prochain en espérant que cela à nouveau possible. Sinon, on le reculera encore d’un an. On a déjà organisé des lotos, imprimé des calendriers, vendu des porte-clés, etc. Bref, nous nous démenons corps et âmes pour notre projet, même si notre cagnotte en ligne marque un peu le pas. Je n’abandonnerai pas tant que je n’aurais pas emmené les élèves en Corée, sans que l’argent soit un frein ou un mode de sélection.

Enfin, qu’aimeriez-vous dire à un/e jeune qui hésite à franchir la porte de votre club ?

On a beau se renseigner sur une discipline, pour se rendre vraiment compte, il faut essayer. On n’a pas un coup de cœur juste pour une discipline, mais également pour un club, son âme, son ambiance… On n’a rien à perdre à essayer. Mais si on n’essaye pas, on peut passer à côté de quelque chose de vraiment grandiose. Si je n’avais pas franchi la porte de ce tout nouveau club de Taekwondo il y a maintenant trente ans, je n’aurais jamais connu autant de plaisir.

Merci Stéphane, bon courage pour la poursuite des activités de Taekwonkido Phenix, ainsi que pour votre projet de voyage en Corée du Sud !

 

Retrouvez toutes les infos sur le club et cette discipline spectaculaire, ainsi que des photos et des vidéos sur Taekwonkido Phenix. Vous y trouverez des liens pour essayer le Taekwonkido en visio !

Enfin, n’hésitez pas à soutenir le projet de voyage du club en Corée du Sud en contribuant à leur cagnotte en ligne sur HelloAsso.