Et si vous replongiez 2 000 ans dans le passé, à l’époque gallo-romaine de Jules César ? Labélisée « Ville d’art et d’histoire » depuis 1989, la ville de Saintes est un véritable éden patrimonial gallo-romain. Anciennement nommée « Mediolanum Santonum » puis « Santonica Urbs » en latin, Saintes était située à l’une des extrémités de l’axe commercial et routier traversant la Gaule depuis Lyon (capitale des Trois Gaules) jusqu’à la côte atlantique. Ainsi, l’engouement économique autour de la ville de Saintes au ier siècle lui permit de développer son urbanisme et, avec ses célèbres arènes, elle fit partie des initiateurs d’amphithéâtres.

 

Un édifice gallo-romain en quête de divertissements

L’influence d’un amphitheatrum

Édifié de 40 apr. J.-C., à 50 apr. J.-C., sous celui de Claude, et avant l’illustre Colisée, à Rome, l’amphithéâtre de Saintes compte parmi les plus anciens vestiges gallo-romains. Comme c’était le cas pour tous les monuments de l’époque, le choix a été de fait de le construire en périphérie de la cité, entraînant le développement de l’urbanisation aux alentours. Il fut fondé au creux d’un vallon appelé « vallon des Arènes », ayant facilité le travail des constructeurs grâce à l’appui de la pente du vallon et d’un remblai les dispensant de la construction des côtés est et ouest de l’arène. La cavea, ou « gradins », fut alors travaillée à même les parois naturelles. Ce monument architectural majestueux et impressionnant, s’étendant sur 126 m de long et 102 m de large, confirme la puissance de la cité de Saintes au ier siècle de notre ère. Cela peut se ressentir lorsque l’on va directement sur le site des vestiges, qui en est une illustration très représentative.

Cependant, au iiie siècle, la cité subit des invasions et des soulèvements anarchiques. Elle se retira alors dans un castrum, ou « camp romain », derrière des remparts élevés grâce aux nombreuses ruines de monuments publics et funéraires laissés pour compte depuis des années. Quant à l’amphithéâtre, il devint une carrière de pierre au Moyen Âge. Classé monument historique en 1840, le monument put réaffirmer sa grandeur grâce aux premières restaurations entreprises révélant les trésors du passé.

 

Panem et circenses pour le plaisir de la plèbe

Cet ouvrage public colossal a pu accueillir pas moins de 15 000 spectateurs, se bousculant pour assister aux nombreux spectacles – bien que sanglants et violents – de gladiatores (« gladiateurs ») et venationes (« combats d’animaux »). En effet, les combats de gladiateurs et d’animaux étaient de véritables institutions distrayantes et politiques en Gaule, sujettes aux campagnes électorales. Les dirigeants de la cité organisaient ces spectacles pour la population, qui demandait panem et circenses – soit littéralement « du pain et des jeux du cirque », afin de lui plaire. Les plus victorieux étaient couverts d’or, de récompenses et de gloire devant les yeux de toute la plèbe qui avait un véritable poids décisionnaire dans le choix du gagnant des jeux. D’ailleurs, les spectateurs étaient assis selon une certaine hiérarchie sociétale avec les riches au-devant de l’arène et des combats, la plèbe au centre puis les plus pauvres en haut. À la fin de chaque combat, les gladiateurs victorieux quittaient les arènes par la Porta Sanavivaria, ou « Porte des Vivants », tandis que les combattants ayant perdus la vie sortaient par la Porta Libitinensis, ou « Porte des Morts », jusqu’à la nécropole. Ces deux portes sont encore visibles aujourd’hui au sein de l’amphithéâtre de Saintes.

 

Arene de Saintes

 

Virée dans les vestiges de l’arène et ses environs

Enfilez vos chaussures de randonnée et votre sac à dos pour aller découvrir ce site antique dans son environnement naturel luxuriant. Par le biais de visites libres ou guidées, vous arpenterez l’arène, ses fondations ainsi que ses gradins restaurés et conservés. Asseyez-vous sur la cavea et imaginez les spectacles auxquels s’adonnaient les citoyens de la plèbe, leurs clameurs, les cris et les rugissements des gladiateurs ou des animaux. Une véritable balade ludique en famille où les petits pourront se mettre dans la peau d’un véritable gallo-romain et recevoir à terme leur diplôme de « Meilleur Gallo-romain ». Ce vestige est l’un des mieux conservés de toute la Gaule chevelue (France et Belgique).

Première capitale de la Gallia Aquitana, la cité de Mediolanum Santonum regorgeait de monuments importants témoignant de sa puissance. Certaines de ces installations sont encore en bon état et valent le détour. Le long de la Charente, l’arc de Germanicus bâti avant l’amphithéâtre, en l’an 19, honore avec des inscriptions latines la famille impériale alors en règne : l’empereur Tibère, son fils Drusus et son fils adoptif Germanicus (initialement neveu). Continuons avec les thermes de Saint-Saloine, façonnés après l’amphithéâtre, dans la seconde moitié du siècle, et irrigués par un aqueduc dont le rôle était de fournir l’eau à l’ensemble de la cité. Vous n’y trouvez que les vestiges du caldarium, partie où des bains chauds relaxaient les plébéiens notables.