À l’époque gallo-romaine, certaines villes de la France actuelle s’imposaient comme principaux centres économiques et stratégiques de la Gaule. La ville de Saintes, Mediolanum Santonum, en faisait partie. C’est pourquoi elle est aujourd’hui un véritable site historique riche tant pour les touristes que pour les archéologues. Dominant la ville avec son clocher et son dôme métallique imposant, la cathédrale Saint-Pierre fait partie des nombreuses richesses qu’a à offrir Saintes. Doté d’un passé destructeur, l’édifice a pu renaître de ses cendres afin d’exposer son plus beau profil. Nous vous invitons à en découvrir davantage sur ce monument resté longtemps inachevé.

Les origines meurtries de la cathédrale Saint-Pierre de Saintes

Des fondements réexploités

Au fil du temps, de nombreuses études et archives ont recensé le passé religieux de ce bâtiment. Des siècles avant la construction de l’actuelle cathédrale, deux anciens édifices avaient été bâtis.
Tout commença au vie siècle avec le premier édifice érigé en l’honneur de la religion chrétienne : un sanctuaire paléochrétien. Ce lieu de recueillement fut cependant ravagé par un incendie au xie siècle. Afin de rendre sa splendeur au lieu, un nouveau monument religieux édifié dans une architecture romane fut construit au xiie siècle, suivi par de nombreuses autres pièces telles qu’un cloître et un logis.
Malheureusement, ce second bâtiment subit l’épreuve du temps et finit par s’effondrer au niveau de ses voûtes, causant la mort d’un homme. De ce fait, des travaux vertigineux furent entrepris par l’évêque Guy II de Rochechouart.

 

panorama cathédrale saint-pierre

 

Une cathédrale nouvelle saccagée par les guerres de Religion

Les rénovations permirent de transformer un sanctuaire chrétien bâti dans un art roman en un édifice remis à neuf dans un style plus moderne et au goût du jour : l’art gothique flamboyant. Les habitants de Saintes et les religieux n’eurent pas le temps de profiter de leur nouveau lieu de culte, car à peine était-il terminé qu’éclatèrent dans la ville les monstrueuses guerres de Religion, au XVIe siècle. Le bâtiment subit la colère des huguenots (protestants) dans ce sombre combat opposant les catholiques et les protestants. Portail, nef, statue de Charlemagne, chapelle, mobilier : tout y passa !
À partir de 1585, la cathédrale Saint-Pierre fut peu à peu reconstruite en commençant par la nef. En revanche, par manque de moyens financiers, cette énième reconstruction ne put être menée jusqu’à son terme. Vous le verrez peut-être d’ailleurs dans son architecture actuelle ; en effet, certains arcs-boutants de la nef s’arrêtent dans le vide. Sachez que pas moins de trois campagnes de rénovations furent entreprises afin de redonner de l’éclat à ce bijou du Moyen-âge : en 1585, de 1648 à 1702 par Louis II de Bassompierre puis par Guillaume V du Plessis de Gesté et à la fin du XXe siècle.

 

Une grande dame en pierre à deux doigts de toucher le ciel

En opposition à sa sœur locale Saint-Eutrope, qui s’élève par sa pointe dirigée vers le ciel, la cathédrale Saint-Pierre eut moins de chance. En effet, son clocher imposant n’eut pas le temps d’être serti de sa propre pointe. Cela lui valut d’ailleurs son surnom : « l’éternelle inachevée ».
Mais pour quelle raison la cathédrale Saint-Pierre ne put jouir de sa pointe ? Perché à plus de 50 m du sol, le clocher de la cathédrale ne put être achevé en raison des guerres de Religion qui sévirent dans la région au milieu du XVIe siècle. La cathédrale ayant été pillée, saccagée et détruite en bonne partie, il fallut reprendre sa restauration. Comme tout travail, cela eut un coût financier. C’est pourquoi, au vu de l’ampleur des dégâts, la restauration s’étala sur de nombreuses années et passa entre les mains de nombreuses personnes décisionnaires. Alors dans le but de mettre fin à cette construction, un dôme de cuivre fut mis en place, clôturant des siècles d’édification.

 

 

clocher cathédrale saint-pierre

 

Un édifice affichant fièrement sa posture dans le paysage de la cité de Saintes

Dès que vous entrez dans la cité de Saintes, vous pouvez apercevoir deux silhouettes transcendant l’horizon : la cathédrale Saint-Pierre d’un côté et la cathédrale Saint-Eutrope de l’autre. Rappelons que la cathédrale Saint-Pierre, datant du XIIe siècle, est un édifice qui fut tout d’abord construit dans une architecture romane. Cependant, à la suite des nombreuses péripéties que vous lui connaissez à présent, elle dut être rebâtie. Cette fois, les architectes de l’époque optèrent pour une architecture plus dans l’air du temps : le style gothique flamboyant. Il se caractérise par une abondance de décors sculptés et d’ornements similaires à des flammes. Malgré la similitude des styles architecturaux, on distingue les deux cathédrales de Saintes par leur sommet. En effet, le clocher de la cathédrale Saint-Eutrope surmonté d’une majestueuse pointe contraste avec le massif et imposant clocher complété par un dôme de métal de la cathédrale Saint-Pierre.

 

Saintes : une ville romaine aux trésors inestimables

S’il vous reste encore un peu de temps après avoir pris le temps de contempler la majestueuse cathédrale Saint-Pierre, nous vous invitons à aller faire de même avec la cathédrale Saint-Eutrope. Cela vous permettra de vous rendre compte des similitudes qui les rapprochent, mais aussi des différences qui les rendent si uniques.
Faisant écho au passé gallo-romain de la cité de Saintes, nous vous proposons toujours au sein de la ville de dériver vers la Charente – fleuve qui traverse la ville – où siège le magnifique arc de Germanicus. Ce monument est un don fait à l’empereur Tibère et à ses deux fils – Drusus II et Germanicus, son fils adoptif – en l’an 18 ou 19. Enfin, en vous éloignant légèrement de la ville, l’amphithéâtre romain, construit peu après vers 50 à même la vallée, vous embarquera pour un combat d’animaux ou de gladiateurs dans l’arène conservée.