Roland Blanc et les membres de l’Association des Maritimes Acadie Charentes maintiennent bien vivants les liens unissant notre région à cette « région culturelle » nord-américaine. L’association très active a pour projet de créer un village acadien en Charente-Maritime.

 

Roland, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’Acadie ?

Historiquement, l’Acadie est cette région de l’est du Canada, en bordure de l’Atlantique, officiellement découverte par le navigateur Giovanni Verrazzano pour le compte de François 1er en 1524. C’est lui qui a donné le nom « d’Arkadie » – un lieu idyllique grec – pour sa beauté et sa luxuriance. D’autres sources attribuent ce nom au mot Mi’kmaq « Akadie » qui veut dire « terre fertile ». Ces territoires, autrement nommés « Nouvelle France » furent peuplés à partir de 1605 par Dugua de Monts, natif de Royan en Charente-Maritime, qui avait obtenu le monopole de la traite des fourrures par Henri IV, secondé par Samuel Champlain, né à Brouage, également en Charente-Maritime, et d’autres aventuriers, au sens noble du terme. Au fil de l’histoire très mouvementée de l’Acadie, Champlain est allé créer Québec, qui est devenu le Canada, et l’Acadie a été prise par les Anglais, ce qui a dispersé les habitants francophones sur un territoire plus vaste. Aujourd’hui, l’Acadie comprend la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et la Gaspésie, des provinces que les Canadiens appellent « les Maritimes ». Par ailleurs, beaucoup d’Acadiens sont dispersés sur le continent américain. Comme j’aime à le dire, l’Acadie est une nation sans État, et les Acadiens, un peuple sans frontières.

 

Pouvez-vous nous présenter votre association ?

L’Association des Maritimes Acadie Charentes a été créée en avril 2018 par un Franco-Canadien, une amie et moi-même, qui avions voyagé là-bas et rencontré ces Acadiens oubliés par notre histoire de France. Le terme de « Maritimes » dans le nom de notre association se réfère bien évidemment aux provinces canadiennes et à notre Charente « Maritime ». Notre association a pour objet de développer et entretenir des relations suivies entre toute personne intéressée habitant le Poitou-Charentes et la population acadienne, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau Brunswick, au Québec, sur l’Île du Prince Édouard, dans le Maine, Terre-neuve, etc.
Nous organisons des voyages et des échanges touristiques, scolaires, épistolaires, et des accueils d’Acadiens. Nous aidons également à la recherche généalogique de descendants picto-charentais, nous créons des événements et alimentons un fonds documentaires sur l’Acadie.

D’où vient cet intérêt pour l’Acadie ?

Drapeau acadien

Chacun des fondateurs a ses raisons pour s’intéresser à l’Acadie et surtout aux Acadiens. Pour ma part, cela part un peu de l’intérêt que tout Français porte au Canada, aux lectures de Jack London, de Bernard Clavel, de Michel Peyramaure et d’autres moins connus, mais, surtout, à des voyages en Gaspésie et en Nouvelle-Écosse pendant lesquels j’ai visité des lieux historiques acadiens et rencontré des Acadiens, qui revendiquaient fièrement leur « nationalité », et dont les yeux s’éclairaient lorsqu’on leur parlait de La Rochelle et du Poitou-Charentes d’où étaient issus beaucoup de leurs ancêtres colons des XVIIème et XVIIIème siècles.
Nous nous sommes aperçus que ces gens ont un lien filial avec la France – leur drapeau en témoigne – et un goût prononcé pour leur histoire. Ces Acadiens étaient oubliés par nos livres d’histoire et nos médias, surtout focalisés sur le Québec. Moi-même je n’ai pas de liens familiaux en Acadie mais beaucoup de liens d’amitié. Mais dans l’association certains adhérents se sont trouvés tardivement des « cousins » issus d’ancêtres au même patronyme.

Quelles actions avez-vous déjà menées ?

En trois ans – et malgré l’année « morte » 2020 – l’AMAC a mené plusieurs actions en rapport avec l’Acadie et les Acadiens. En 2018, nous avons organisé une sortie dans les villages acadiens du Poitou, le long de la « Ligne Acadienne », de Poitiers à Loudun et créé une médiathèque acadienne avec une centaine d’ouvrages. L’année suivante, nous avons séjourné à Belle-Île-en-Mer… et au Nouveau-Brunswick pour le Congrès Mondial Acadien, et reçu une délégation de Néo-Écossais que nous avons emmenée dans le Périgord. Nous avons également invité à Pons un cinéaste acadien, Phil Comeau, auteur de nombreux films et documentaires.

2020 a été l’année que l’on sait, ce qui ne nous a pas empêché de rencontrer Madame l’Ambassadrice du Canada en France pour lui exposer notre projet de musée et de conférences sur l’Acadie. Enfin, en 2021, nous avons participé à une émission télévisée culinaire autour d’un repas acadien, effectué un séjour estival à Courseulles, en Normandie, à l’occasion de « La Semaine Acadienne », et organisé une visite de Châtellerault, ville acadienne historique. Enfin, fin novembre, nous avions rendez-vous à l’Ambassade du Canada dans le cadre de la remise du prix littéraire France-Acadie, avant de conclure l’année par un repas acadien, avec la présence d’un vrai trappeur canadien. Nous travaillons également, en collaboration avec la Communauté de communes de Marennes-Hiers-Brouage et des associations acadiennes du Perche, sur un projet de « Tourisme de Racines » dans le but de faire venir plus de Canadiens dans notre région. Il faut savoir que les Québécois et les Acadiens sont des passionnés de généalogie.

Quels sont vos prochains projets ?

En 2022, nous prévoyons une sortie à Nantes sur la Fresque Acadienne, et un séjour en Nouvelle-Écosse au mois de juin pour de nouveaux adhérents. Nous continuons évidemment à nous retrouver lors de pique-nique en rouge et blanc et pour nos repas acadiens. Nous ambitionnons également de développer d’autres projets : une série de conférences sur l’Acadie et son histoire, une exposition itinérante, et surtout, la création d’un musée-village…

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Il s’agit de créer un « Espace Acadien » agencé comme les musées canadiens, c’est-à-dire sous forme de maisonnettes contenant chacune un thème défini : un bâtiment principal pour l’accueil et la boutique et des maisonnettes thématiques autour de la faune, la flore et les spécificités acadiennes. L’accueil et les visites seraient assurés par l’AMAC d’avril à novembre avec, en saison, l’apport des élèves du Lycée Cordouan de Royan qui préparent le BTS Tourisme. Des contacts ont été pris dans ce sens. La gestion logistique et financière serait confiée à l’AMAC et à la commune d’implantation, sous le contrôle d’un expert-comptable et d’un commissaire aux comptes. C’est pour l’instant à l’état de projet, et c’est très mobilisateur.

 

Où en est ce projet ?

Nous avons pris contact avec deux architectes : une Acadienne vivant à La Rochelle, et une autre vivant à Toronto, spécialisées dans l’aménagement et l’architecture acadiens du XVIIème siècle. L’Ambassade du Canada nous a donné son aval et plusieurs personnalités nous soutiennent, ici et en Acadie. Nous nous sommes fixés une échéance à 2027, le temps pour nous d’avancer à notre rythme sur ce projet. Nous cherchons notamment un terrain de 3 500 à 4 000 m² dans le Royannais ou le Marennais. Nous sommes également demandeurs de techniciens qui pourraient nous aider à chiffrer précisément le projet avec une relative précision. Nous pourrons alors avancer sur le projet avec nos architectes. L’AMAC est en capacité de gérer l’aspect historique et logistique du projet, mais nous restons preneurs du conseil juridique et technique… et bien évidemment de mécènes et de sponsors prêts à investir dans ce projet. Toutes les personnes à qui nous avons présenté ce projet l’ont trouvé intéressant.

Soutenez l’ACADIE !

Le lien de la collecte, c’est par ici !

 

Merci pour ces informations. Et bonne route vers ce village acadien !

 

Vous pouvez contacter l’AMAC en écrivant à son président : rolandblanc2011@orange.fr
Vous pouvez également adhérer à l’AMAC, ou soutenir ses actions et projets, via HelloAsso, la plateforme du monde associatif.