Jean-Marc Truffet est un jeune talent prometteur de 59 ans, qui a endossé le rôle de président de Los Muchachos, troupe de théâtre d’improvisation basée à Niort. Récit d’une vocation tardive, mais spontanée…

Comment a débuté votre histoire avec le théâtre d’improvisation et Los Muchachos ?

J’ai découvert l’improvisation théâtrale depuis peu de temps, 5 ans environ, lors d’un stage de management à la MAIF – je suis responsable de la communication à la Fondation MAIF. Cela a été une sorte de révélation, de coup de foudre, et l’évidence qu’il fallait absolument que je continue cette expérience. J’ai eu la chance d’être intégré dans la troupe d’Aline et Compagnie, une troupe niortaise qui mêle professionnels et amateurs. Nous étions plusieurs amateurs à vouloir faire davantage de scène et, en novembre 2018, nous avons créé Los Muchachos pour rencontrer de nouveaux publics, créer des spectacles et surtout nous faire plaisir. Los Muchachos est une bande de potes qui ont tous pratiqué l’improvisation depuis de nombreuses années, qui avaient tous en commun ce besoin de faire vivre cet art et d’être avec le public.

Combien de membres composent Los Muchachos ?

Los Muchachos, ce sont onze personnes, cinq femmes et six hommes de 24 à 59 ans, et dans cette discipline, le talent n’attend pas le nombre des années, bien au contraire. J’en suis président mais, dans les faits, nous avons un mode de fonctionnement collégial. C’est joyeusement foutraque et ça fonctionne très bien comme cela !

Comment se déroule une soirée de théâtre d’impro ?

Plusieurs formes existent, principalement les matchs d’improvisation et les soirées cabaret. De façon assez surprenante, les matchs d’impro empruntent tout leur décorum et leur cérémonial au… hockey sur glace, parce que le match d’impro a été inventé au Canada. C’est ainsi que deux équipes de quatre à six joueurs en maillot de hockey se produisent dans une petite enceinte qui fait office de scène et qui s’appelle… la « patinoire ». Un arbitre, reconnaissable à son maillot rayé noir et blanc, impose des thèmes de jeux, avec plus ou moins de contraintes : nombre d’acteurs, durée de l’interprétation, genre, etc. Les participants ont vingt secondes pour réfléchir avant de se lancer. A la fin de l’impro, c’est le public qui décide d’attribuer le point à l’équipe qu’il juge être la plus convaincante. Vote à carton levé. Au gré du jeu, l’arbitre peut siffler des fautes, qui vont aussi décider du score. Évidemment, les équipes qui s’affrontent jouent avant tout ensemble et pour offrir un vrai spectacle au public, et non pas dans un esprit d’affrontement pur. C’est avant tout du plaisir. La forme du cabaret diffère un peu mais l’esprit est le même : un « maître de cérémonie » sollicite des propositions du public et les comédiens interprètent des saynètes issues de ces propositions. Le point commun, c’est que tout s’invente en temps réel : les personnages, les lieux, les intrigues, les décors et bien évidemment les dialogues. Rien n’est préparé d’avance, tout se crée dans l’instant.

Quelles qualités requiert le théâtre d’improvisation ?

Il faut tout d’abord insister sur le premier mot, « théâtre ». Car il s’agit bien de cela en tout premier lieu. Les comédiens doivent acquérir et développer des qualités nécessaires au théâtre : incarner des personnages, faire passer des émotions, crédibiliser le texte. Spécifiquement pour le théâtre d’improvisation, je dirai qu’il faut faire preuve de lâcher prise : on n’a pas toujours le temps de réfléchir, de peaufiner, de tester ou de répéter. Les premières idées sont toujours les bonnes même si ce ne sont pas les meilleures. Il faut également faire preuve d’écoute : c’est un jeu à plusieurs, chaque acte compte, chaque geste est important, chaque parole est vérité. Il faut donc être en permanence connecté les uns aux autres pour construire des histoires. Enfin, cela requiert de l’implication : même si on doit jouer un élément du décor sur scène, il faut que cela ait une utilité, du sens.

Quels sont les principaux temps forts de la vie de Los Muchachos ?

La troupe existe depuis novembre 2018 seulement. Nous nous sommes souvent représentés à Sciecq, au nord de Niort, pour du cabaret et des matchs d’improvisation. Nous prévoyons de créer des rencontres mensuelles durant le premier semestre 2020. Nous avons deux matchs prévus, les 16 mai et 6 juin, respectivement à Saint-Liguaire et Sainte-Pezenne.

En tant qu’acteur « improvisateur », quel est votre plus beau souvenir ?

Les plus beaux souvenirs, c’est quand l’improvisation fonctionne, quand la magie opère, l’histoire a du sens, les personnages vont tous dans le même sens, la fiction s’écrit, l’énergie circule. Quand on est sur la scène, on le sent. Et le public aussi. Les liens se tissent entre les comédiens et les spectateurs. Quelques fois, le comédien se laisse prendre à son propre jeu, les émotions le submergent (des pleurs ou des rires qui ne peuvent se maîtriser). Une fois j’ai eu à jouer un lapin belge qui devait piloter un avion de ligne. Est-ce que je l’avais choisi ? non. Est-ce que j’ai eu du plaisir à le faire ? oui.

Et votre plus grande fierté en tant que président ?

Notre premier match, organisé à Sciecq le 16 novembre 2019, avec l’équipe des Improloko’s de Blois a été un vrai succès. L’organisation a été remarquable, la salle était pleine de spectateurs enthousiastes. Même si nous avions déjà joué plusieurs fois à Niort et ailleurs en France, cette rencontre a été une sorte de concrétisation de la raison d’être de Los Muchachos.

Qu’aimeriez-vous dire à quelqu’un qui hésite à se lancer dans le théâtre d’impro, voire qui hésite simplement à venir assister à une soirée ?

Pour celui ou celle qui hésite à venir voir un spectacle d’improvisation, j’aurais envie de lui dire que c’est le théâtre de la vie mais avec les paillettes. Parce que nous faisons tous de l’improvisation chaque jour. La vie n’est pas écrite, elle s’invente à chaque seconde. Les surprises et les rebondissements sont là pour ne pas s’ennuyer (même si quelques fois, on s’en passerait bien). Ce qui est présenté sur scène, c’est de la réalité mais complètement imaginée.

Faire de l’impro, c’est à la portée de tous. Si vous avez le sens de la répartie et êtes débordant d’imagination, vous pouvez débuter et tester vos premières impros. Il y a des choses très simples qui permettent de s’extraire de son moi, de s’exposer aux regards des autres et de prendre confiance. L’improvisation théâtrale est enseignée dans les classes primaires et secondaires au Canada et en Suisse. C’est un excellent outil d’intégration sociale et de solidification de l’estime de soi. Ensuite comme dans toute discipline artistique, pour progresser, il faut du talent et du travail.

Merci Jean-Marc et longue vie à Los Muchachos !

Retrouvez et suivez Los Muchachos sur leur page facebook : https://www.facebook.com/losmuchachosimpro/