Bâtisse classée monument historique depuis 1845, tout comme certaines des toiles ornant ses murs, l’abbatiale Saint-Maixent se situe dans le département des Deux-Sèvres, au sein de la ville de Saint-Maixent-l’École. L’actuelle église est implantée sur les ruines de l’ancienne bâtisse édifiée dès le Ve siècle, dont il ne reste que des bribes, comme la base romane. Elle fut reconstruite selon un style gothique. Le mélange des deux styles en font sa particularité. Depuis sa création, un grand nombre d’abbés ont pris la tutelle de cet édifice religieux, se confrontant alors aux différentes calamités qui lui sont connues.

Découvrez les origines de cette abbatiale ancestrale

Un édifice religieux de style roman

Fondé au Ve siècle, ce bâtiment était à l’origine le monastère Saint-Saturnin, nom éponyme de son dirigeant. Celui-ci changea de nom pour devenir saint Maixent d’où le nom actuel de l’abbaye en hommage. Les restes de son corps ont été déposés au sein même de la crypte. Du VIe au VIIe siècle, l’abbaye prit de la notoriété, notamment grâce aux nombreuses donations des rois mérovingiens, comme Clovis, qui donnèrent de la valeur et de l’importance à cette bâtisse. La ville dut faire face à de nombreuses invasions normandes au milieu des années 800, qui poussèrent les moines demeurant dans l’abbaye à quitter les lieux en emportant, bien évidemment, les reliques de saint Maixent et de saint Léger entreposées au sein de sa crypte. Ils ne purent reprendre possession de leur couvent que courant 940, soit environ un an après, période durant laquelle il fut occupé par les normands.
La reconstruction de l’abbaye fut alors entreprise, laissant place à une imposante église, établie sur les vestiges de l’ancienne abbaye. Malheureusement, ce nouveau lieu saint fut détruit moins de un an après, d’abord par un tremblement de terre dévastateur puis par plusieurs incendies – en 1075, 1082, 1085 et 1116 – qui firent du paysage saint-maixentais un ensemble de ruines. À la suite de ces importants dégâts, toujours sur le même emplacement, fut édifiée l’abbatiale dans un style roman, entre 1093 et 1134, qui conservera tout de même les parties d’origine de sa crypte. Cette architecture sera préservée jusqu’à la Renaissance. De manière générale, l’architecture romane se caractérise par des pièces imposantes, associées par exemple à la peinture ou à la sculpture, singulièrement riches et précieuses aujourd’hui. Cet art vient de plusieurs endroits au sein de peuples éloignés : carolingien, antique, byzantin, orientale et celtique.

 

Vitraux abbatiale saint maixent l'école

 

L’essor d’une église fissurée

L’abbatiale romane eut le privilège, au XIIe siècle, d’être unie à la couronne de France par le roi Philippe Auguste, ce qui lui assura une protection royale sans égale. Son fils la fortifia par la suite. Malgré cela, la bâtisse religieuse vit s’imposer, ainsi que sa communauté, de nombreux propriétaires étrangers : domination étrangère pendant la guerre de Cent Ans, pillages protestants en 1565, invasions à répétition dont une par le prince de Condé en 1568 et destruction par les calvinistes à la même période. Après les multiples sièges, sa restauration fut entamée par l’architecte François Le Duc, dit Toscane, qui travaillait également sur l’abbaye royale de Celles-sur-Belle. L’abbatiale revit le jour dans les années 1780 après plus de 45 ans de réfection et de dur labeur, toujours sur ses bases romanes, mais dans un style gothique pour sa nouvelle structure.

Bien qu’initialement sa fonction fût entièrement dévouée à la cause religieuse, comme avec le siège épiscopal pendant la Révolution française, cette abbatiale eut de nombreux autres rôles : commercial durant la Révolution française, médical en tant qu’hôpital pendant la fameuse guerre de Vendée et enfin militaire avec la reconversion d’une partie de l’abbatiale en caserne militaire du XIXe au XXIe siècle.

 

Un domaine saint-maixentais doté d’une culture riche

Si vous avez quelques heures devant vous, la ville de Saint-Maixent-l’École dispose d’un patrimoine culturel fabuleux dont certains monuments sont ouverts au public. D’ailleurs, l’abbatiale Saint-Maixent surplombée de son église abrite en son cœur de nombreuses reliques et objets précieux, tels que des retables en pierre, une cuve baptismale monolithique, un bénitier roman et sa crypte où se trouvent les reliques des saints Maixent et Léger. Celles de saint Léger étaient d’ailleurs autrefois conservées de l’autre côté de l’abbaye, dans l’église gothique Saint-Léger, dont il ne reste que des vestiges. Au cœur de la ville se tient la majestueuse porte Châlon érigée plus récemment, au XVIIIe siècle, en remplacement de l’une des anciennes portes de la ville fortifiée. Ce bâtiment orne l’entrée de la rue commerçante et se distingue grâce à son architecture. Enfin, sur l’emplacement de l’ancien château, vous pourrez traverser les siècles militaires de Saint-Maixent dans le musée du Sous-Officier. Une collection d’uniformes, d’armes et de décorations rend hommage au passé militaire de la ville, de l’Ancien Régime à ce jour, ainsi qu’à l’histoire de ces hommes qui se sont battus pour leur ville et leur nation. Aujourd’hui, Saint-Maixent est toujours impliquée dans cette voie militaire. Dans la ville réside l’École nationale des sous-officiers d’active qui forme des sous-officiers de l’armée de terre français, mais aussi des futurs sous-officiers de la brigade de sapeurs-pompiers depuis peu.

 

Crypte abbatiale Saint-Maixent-l'Ecole