En cas d’Éventuel festival, Fred Billy sera de la guérouée. C’est pas clair ? On précise : Fred Billy, conteur, raconteur et collecteur d’histoires, artiste associé au Nombril du Monde, se donnera en spectacle les 14 et 15 août à Pougne-Hérisson. C’est plus clair ?

Fred Billy, 35 ans, se compte parmi les artistes qui accompagnent le festival du Nombril du Monde à chaque édition. Dans sa version déconfinée, le festival, qui se tient en Gâtine chaque année paire depuis trente ans, s’est donné pour nom « l’Éventuel festival ». Il a adapté ses festivités aux conditions sanitaires, et propose en conséquence de multiplier les « petites formes » sur les différents sites de Pougne-Hérisson. C’est dans ce cadre qu’intervient Fred Billy, désormais artiste associé au Nombril… Il est revenu pour Territoire d’émotions sur son parcours, et son histoire… avec les histoires.

Fred, comment a débuté votre histoire avec le théâtre et le spectacle vivant ?

Un peu par hasard… pour séduire une jeune fille qui elle-même faisait des spectacles. Je me suis lancé en faisant une première partie d’un concert dans un bar en racontant des histoires librement inspirées de mon grand-père… Plus tard, j’ai appris qu’il n’y avait rien de pire que de raconter une histoire derrière un comptoir, car les gens viennent surtout se retrouver autour d’un verre et se raconter leurs propres histoires, souvent plus croustillantes que celles d’un mec qu’ils ne connaissent pas. Mais le pli était pris, mon point de départ allait être ce travail sur la parole : raconter des histoires pour parler de la vie.

Vous avez créé la compagnie « Ça va sans dire » en 2014. Pouvez-vous nous en parler ?

Il y a cinq ans, j’avais un travail d’éducateur dans une association et je n’avais plus le temps de mener de front ce travail et mon activité artistique. Alors j’ai démissionné de mon emploi d’éducateur pour créer « Ça sa sans dire. » Chaque création de la compagnie puise son inspiration à partir de la parole des gens, des témoignages récoltés puis transformés en spectacle. Une parole brute, sans chichi, qui évoque ce que nous vivons tous, qui tente de transcender le quotidien et mêle le singulier et l’universel. Nous sommes cinq personnes à travailler pour la compagnie : les comédiens, et la production, la communication, la technique. Parfois la compagnie fait appel à d’autres comédiens et musiciens. Nous proposons plusieurs spectacles : « Sur un air de village », « En vie », « Pour l’instant je pars », les visites historico-hystériques et « Le bruit des autres », en tant que bonimenteurs et crieurs publics, etc.

Comment a débuté votre histoire avec le Nombril du Monde ?

J’ai été contacté il y a quelques années pour mener une formation autour du conte. Le contact est bien passé avec les bénévoles et l’équipe salariée, et petit à petit, je me suis investi sur différentes missions. J’y suis actuellement artiste associé et je contribue, avec l’équipe et d’autres artistes, à l’organisation du festival, au sein du comité de direction artistique.

Qu’est-ce qui fait pour vous l’originalité du Nombril du Monde ?

Son originalité, c’est l’état d’esprit ! Le festival est mis en place par des gens qui ne sont pas des professionnels de la culture, ce qui donne une ambiance particulière : c’est la rencontre de l’agriculture et la culture. Le Nombril du Monde c’est l’art d’être un peu mégalo sans se prendre au sérieux… Je pense que les festivaliers viennent pour les spectacles, mais surtout pour l’ambiance du festival… Je me souviens que la première fois que je suis venu, la sécurité à l’entrée était faite par quatre « vieux » qui tapaient le carton avec un petit ballon de rouge… Je me souviens qu’avec mes amis, nous nous sommes directement dit « c’est génial ici ! »

Qu’allez-vous présenter cette année à l’Éventuel festival ?

Un spectacle de collectage, « Sur un air de village ». Il parle de la vie et de la fête pendant les trente glorieuses. Il y a la messe, la sortie de la messe, les bals, les conscrits… Mais aussi la guerre d’Algérie, l’arrivée de l’électricité, les séances de télévision collective… et tout cela à travers les yeux des habitants de Moutiers-sous-Argenton. Ce n’est pas que l’histoire d’un village, c’est l’histoire de l’évolution du monde rural français… Au-delà d’un voyage dans une époque, c’est une réflexion globale sur notre rapport au passé et une mise en abîme satirique de la fameuse expression « C’était mieux avant ! »

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le théâtre de « collectage » ?

Le théâtre de collectage c’est le fait d’aller chercher la matière première d’un spectacle en allant interviewer des gens. Je rentre donc dans les cuisines de personnes que je ne connais pas et je leur pose des questions… Les entretiens durent 3, 4, 6 heures, plusieurs entretiens parfois pour la même personne, et dans toutes les réponses que l’on me donne, il y a la base du spectacle que je vais mettre en lien en tissant un fil entre toutes ces histoires.

Quels sont vos moments préférés lors de ces collectes ?

C’est quand je rentre dans les cuisines des gens pour aller faire mon interview. Quand ça fonctionne, des gens que je ne connais pas me font confiance et se livrent en me racontant même parfois leurs secrets, c’est des moments où on peut toucher une intimité assez incroyable.

Est-ce que vous gardez la trace des témoignages collectés ?

Tous les entretiens sont enregistrées, je fais des montages audios que je remets aux personnes interviewées… J’ai donc toutes ces voix dans mon ordinateur.

Quel est le plus beau souvenir que vous gardiez d’une édition du Nombril ?

Il n’y a pas de moment en particulier, il y a cet état d’esprit dont je parlais plus haut, une benaiserie qui infuse… Et il y a aussi le plaisir de voir une commune de 370 habitants s’animer… Je suis né dans une commune rurale et j’aimais voir mon village prendre vie !

Cette année est particulière du fait du Covid-19. Quelles conséquences cette crise a-t-elle pour vous, en tant qu’artiste ?

La conséquence la plus flagrante est que nous allons avoir un public très parsemé. Lors de mes premiers spectacles post-covid, j’ai remarqué que les chaises se remplissaient par le fond. Il y a des écarts entre les gens, des vides… Cet évènement a remis en cause notre manière d’être avec les autres… J’ai peur que certaines personnes ne reviennent pas de sitôt dans ces temps de rassemblements.

Comment votre compagnie se prépare-t-elle à la reprise suite à cette crise ? Où peut-on vous voir dans les prochaines semaines ?

Nous proposons des spectacles avec peu de technique, des seuls en scène donc la période est certainement moins critique pour nous que d’autres compagnies. Les gens pourront nous voir à Pougne-Hérisson, à l’Éventuel festival, les 14 et 15 août, et ensuite, je vous fais une petite liste :

le samedi 5 septembre, « Le bruit des autres » à Bailly-Romainviller en Seine-et-Marne ;

le vendredi 10 septembre, « Sur un air de village », à Val en Vignes, dans les Deux-Sèvres ;

et le dimanche 20 septembre, pour une « Sortie de Collectage, de la Terre à L’assiette », avec l’association La Colporteuse, dans les Deux-Sèvres également.

Merci Fred, bon festival, bon Nombril et bons collectages !

 

> Suivez l’actualité de Fred Billy et de la Compagnie Ça va sans dire sur leur site internet.

> Retrouvez la programmation de  » l’Éventuel festival » (les 14 et 15 août à Pougne-Hérisson, à 15 km de Parthenay) et du Nombril du Monde ici : nombril.com. Attention ! Cette année, du fait des mesures sanitaires à respecter, la jauge du festival est limitée à 500 personnes par jour sur le site. La réservation est très vivement conseillée à partir de la billetterie du site !

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