2, 4, 6, 8, 2022… pas de doute, nous sommes une année paire et, aussi vrai que le nombril du monde se trouve à Pougne-Hérisson, les années paires lui consacrent un festival. Stéphane Pelletier, coordinateur de l’événement, revient pour nous sur le cru 2022 du Nombril du Monde.

 

Stéphane, quel a été votre parcours avant d’intégrer le Nombril ?

Je suis musicien « tout-terrain », saxophoniste et joueur d’autres bricoles qui produisent du son. J’ai débuté en jouant du rock’n roll avec mon frère et des potes et c’est devenu mon activité principale en 1989. En 1991, avec le groupe « Sue et les Salamandres », dans lequel je jouais, nous nous sommes produit pendant un mois au festival d’Avignon. Yannick Jaulin, le créateur du Nombril du Monde, jouait dans le même lieu. Il nous a programmé l’année suivante, en 1992, lors de la deuxième édition du festival du Nombril. J’y suis retourné en 1996 avec la fanfare « L’étrange Gonzo », que j’avais créée en 1995. En 2000, Yannick m’a demandé de coordonner le festival, avec une équipe encore modeste, quelques salariés et les bénévoles du village. J’ai poursuivi en 2002, puis pour l’ouverture du jardin en 2004. Ensuite, j’y suis revenu en tant qu’artiste ou comme spectateur. Et enfin, en 2016 et 2018, j’ai rempilé pour un rôle de coordinateur, pour la création du spectacle son et lumière « Le Mystère de St-Pou ».

 

Quelle est votre fonction actuelle dans l’organisation du Nombril ?

Depuis 2018, je suis membre du comité artistique du Nombril : l’ONUUU (ndr : « Organisation Nombrilaire Utile Unifiée Universelle et tout ce qui commence par U ou presque »). Je m’occupe de la coordination du festival bisannuel et, avec mon frère Éric, nous intervenons sur la scénographie du jardin. Nous y avons créé une partie de l’univers musical.

 

Comment est-ce qu’on « coordonne » un projet comme le Nombril, qui compte une équipe permanente, des artistes associés et beaucoup de bénévoles ?

Pour ma part, je ne coordonne que le festival. La coordination de l’ensemble du projet du Nombril, c’est le rôle de la directrice, Élise (ndr : Elise El Khourge, directrice déléguée), qui fait ça très bien d’ailleurs. En ce qui concerne le festival, la coordination consiste à récolter les infos de toutes les parties prenantes et à s’assurer que ça circule bien. Ça veut dire essayer de prévoir, d’anticiper, de diffuser les infos. Et, bien sur, de déléguer. À Pougne-Hérisson, il y a plusieurs têtes et il faut qu’elles s’entendent : les salariés de l’équipe, les artistes de l’ONUUU, les bénévoles de l’association du Nombril et le Comité d’animation. Certains diront que c’est compliqué. Ce n’est pas faux mais c’est aussi la richesse de cette aventure. C’est un chantier (et pour moi ce mot n’est pas péjoratif) culturel qui recherche l’enracinement et l’ouverture. Le seul parachutage qu’on peut évoquer ici, c’est celui de John Barney Ferguson (ndr : américain parachuté par erreur lors du débarquement, fondateur de l’ombilicologie, la science des nombrils).

 

Comment se renouvelle le Nombril ? Comment et qui amène de nouvelles idées ?

Les idées de programmation artistique sont discutées à l’ONUUU. Au départ, il y a beaucoup d’idées. Ensuite il faut les confronter à l’aspect technique, financier. Puis faire des choix (à plusieurs). Et mettre en place (à plusieurs aussi, c’est mieux). Il faut savoir regarder l’évènement avec différents point de vue, en tant qu’organisateur, bénévole, public, artiste, technicien. L’ONUUU se réunit régulièrement et une partie des idées nouvelles arrivent lors de ses discussions.  L’équipe salariée étant là au quotidien, elle peut aussi nous interpeller sur des choses qu’il faudrait améliorer.

 

Qu’est-ce qui fait pour vous l’originalité du Nombril du Monde ?

Déjà, un « centre culturel » (même si l’appellation n’est peut-être pas celle-ci) dans un village de 360 âmes, ce n’est pas très courant. Ensuite, un « jardin des histoires », où l’on entend les cris et les rires des quelques 3 000 enfants qui viennent chaque année y développer leur imaginaire, c’est un concept qui peut surprendre (ça pousse comme les carottes, les histoires ?). Donc, au moins pour ces deux raisons, le Nombril est un lieu surprenant.

 

Qu’allez-vous présenter cette année lors de cette édition du festival ?

Comme toujours, on propose au public de venir pour être benaise, à l’aise. On peut venir un, deux ou trois jours, pour découvrir des spectacles, des gens et un lieu, tout en prenant son temps. D’ailleurs, il y a des siestes obligatoires ! Il y aura une douzaine de spectacles par jour mais on peut en voir que la moitié sur une journée. Et il y a aussi des moments « autres » : des causeries, nos fameuses siestes, des jeux, des ateliers, des parcours. Pour ce qui est des spectacles, les propositions sont pluridisciplinaires. Il y a du conte, de la chanson, du théâtre, de la musique… Certaines propositions s’adressent aux plus jeunes, mais la plupart sont tout public.

 

Sur une année de Nombril – entre actions pérennes et festival – quels sont vos moments préférés ?

Les moments partagés avec le public, quand il a le sourire, ça, c’est une récompense. Entendre la joie des enfants qui visite le jardin en semaine aux beaux jours, c’en est une autre. Mais partager un verre avec quelqu’un du village au Cordon (la buvette du Nombril) et refaire le monde (en trois couches s’il vous plaît), ça me plaît beaucoup aussi !

 

Enfin, quel est le plus beau souvenir que vous gardiez d’une édition du Nombril ?

Ils sont nombreux. Le jumelage avec l’étoile polaire en 2000 en fait partie. Mais je me souviens de finale du « Tamenti » (ndr : la forme poitevine d’un concours d’éloquence de vitesse, où les équipes de Gâtine excellent tout particulièrement) assez impressionnante. Je me souviens encore de la tournée des villages du canton en tracteur en 2004, où nous avons joué sur notre moiss’batt à chaque étape. De pleins de spectacles évidemment. Et encore, d’une soirée en 2020, où Yannick a invité les bénévoles historiques sur scène. C’était bien chargée en émotion aussi.

 

Merci Stéphane, et nous souhaitons au Nombril du Monde une belle édition 2022 !

Festival du Nombril du Monde, à Pougne-Hérisson (79) : les 13, 14 et 15 août. Programmation, infos pratiques et billetterie : www.nombril.com