Le langage maritime est facétieux et surprenant, surtout à bord de l’Hermione. Le nom des cordages et des manœuvres est resté celui du 18ème siècle et il faut admettre que les marins ont leur logique, surtout au niveau de la grammaire et de la syntaxe. Pour rendre la chose encore plus pittoresque, nombre d’expressions ou de mots marins se retrouve à terre avec un sens détourné. Voici une session de formation expresse :

 

Les expressions en mer :

« Tiens bon ! » : l’expression la plus usitée du bord ! Même lorsque l’on s’adresse à plusieurs personnes ou quelqu’un que l’on vouvoie, « Tiens bon ! » signifie : « On arrête tout, on se fige ! »

« Choquer » : donner du mou dans un cordage.

« À hisser ! » : pour hisser une voile ou une vergue.

« À carguer la grand-voile » : pour replier une voile (grand-voile) à l’aide de cordages appelé cargues.

« À serrer la grand-voile » : pour envoyer les gabiers sur les vergues (barres de bois sur lesquelles sont fixées les voiles), enrouler la voile sur elle-même et la maintenir avec des cordages afin qu’elle ne prenne plus le vent.

« Gouverner au 180 » : ordre de barre pour diriger le navire au sud, le 180° (l’horizon est divisé en 360°, le nord est au 0, l’ouest à 240° et l’est à 90°). À répéter par le barreur.

« À reprendre » : pour tirer ou peser sur un cordage.

 

 

Les expressions du bord et de la terre :

« Être au taquet » : être au maximum, le taquet est une pièce de bois ou métallique sur laquelle on maintient un cordage, en tension notamment.

« Prendre une biture » : Pour lover un cordage en biture il faut le déposer sur le pont en formant des S. Par métonymie avec la trajectoire aléatoire d’une personne saoule, l’expression devient se saouler.

« Tirer des bords » : lorsque qu’un voilier fait route dans la direction d’où vient le vent, il ne peut pas avancer. Il est obligé alors de tirer des bords, c’est-à-dire d’effectuer comme des zigzags qui vont permettre au bateau de prendre le vent sur les bords et ainsi progressivement de remonter contre le vent. Les zigzags évoquent là encore la démarche d’une personne ivre.

Enfin, retenez bien, c’est important :

« À reprendre l’itague de palanquin de ris bâbord de perroquet de fougue » : c’est l’ordre le plus long du bord ! Nous laissons aux lecteurs de Territoire d’émotions la libre interprétation de cette mystérieuse expression…