Non, pas d’inquiétude, les cigognes n’ont pas perdu la boussole, elles livreront les bébés aux adresses indiquées. Simplement, la belle cigogne blanche semble désormais préférer les zones humides de nos littoraux aux cheminées alsaciennes – chiffres de la LPO à l’appui !

Les dernières observations en date de la Ligue de Protection des Oiseaux de Charente-Maritime font état de cinq cent cinquante-six couples, ce qui laissent augurer un nombre de naissances et de « jeunes à l’envol » prometteur. Sur ce point, le comptage objectif ne laisse plus de doute : la Charente-Maritime est le département français le plus productif, avant le Haut et le Bas-Rhin.

Un migrateur qui revient de loin

Crédit Francis GIRAUDON

 

Si le cliché de la cigogne alsacienne en prend un petit coup dans l’aile, il y a quand même plutôt lieu de se réjouir de ces chiffres. C’est que la cigogne revient de loin, et on ne parle pas là de ses migrations saisonnières, mais bien du fait que la cigogne blanche a failli s’éteindre. En 1974, la France ne comptait plus en effet que onze couples nicheurs. La faute à des sécheresses éprouvantes dans le Sahel, une chasse excessive sur les lieux d’hivernage et des électrocutions sur les lignes électriques.

C’est là que les passionnés d’ornithologie, dont la LPO, en chef de file, entrent en scène. L’association coordonne des actions de conservation fructueuses : réintroduction de couples en Alsace et, en Charente-Maritime, mise en place de plateformes artificielles de nidification artificielles, afin de pallier le manque de lieux propices à l’installation de nids. De premiers oiseaux arrivés d’Espagne, notamment, commencent à s’intéresser à notre région.

 

 

Le gîte et le couvert

Crédit Nicolas GENDRE

La LPO et les acteurs locaux poursuivent inlassablement leurs actions. Certains nids sur des pylônes électriques sont sécurisés et, quand l’installation est trop dangereuse, des plateformes sont installées à proximité ou en hauteur. C’est le début d’un partenariat avec les prestataires des réseaux électriques, et le début d’une implantation durable de la cigogne dans nos terres. Petit coup de pouce supplémentaire : la tempête de 1999 « fait le ménage » parmi les arbres les plus fragiles, en étêtant par exemple les peupliers, ce qui facilite davantage encore les nidifications sur des embranchements dégagés.

Incontestablement, pour les cigognes, la région sait recevoir : si le bel oiseau a trouvé le gîte en Charente-Maritime… il y a aussi trouvé le couvert ! La prolifération d’une espèce invasive dans nos marais, l’écrevisse américaine, convient en effet parfaitement à son appétit. De manière assez surprenante, l’écrevisse booste la population de cigognes.
Au fil des décennies, les observations de la LPO attestent que l’oiseau s’attache à la région : si, en hiver, les oiseaux sédentaires se comptaient encore en unité jusque dans les années 90, ils dépassent la quinzaine, puis la trentaine à partir des années 2000, jusqu’à atteindre les cent vingts en 2020 !

 

Préserver un équilibre fragile

Ces observations de terrain, menées par plus de vingt-cinq guetteurs vigilants (salariés de la LPO et bénévoles passionnés) dans les zones humides de Charente-Maritime (vallée de la Charente, marais de Brouage, etc.), permettent aussi d’établir des changements dans les comportements migratoires des oiseaux, dont certains sont bagués : les arrivées sont plus précoces (mi-décembre plutôt que mi-janvier), les migrations moins lointaines (jusqu’en Espagne plutôt qu’en Afrique de l’Ouest) et, pour certains couples, on constate même une installation à l’année. Un effet, très probable, du changement climatique.

Même si l’époque où la cigogne a failli disparaître semble définitivement derrière nous, il n’en reste donc pas moins que les changements en cours crée un équilibre qui reste fragile. La LPO, avec le soutien de ses partenaires, poursuit donc inlassablement ses actions de préservation des zones humides, d’installation et de déplacements de nids sur des plateformes artificielles, de neutralisation et de protection des lignes électriques.

 

Année après année, la cigogne s’inscrit dans le paysage charentais et devient un véritable symbole des marais de Charente-Maritime. Elle est bien à l’ouest !
Pour aller plus loin :
Merci à la LPO France, dont le siège social est à Rochefort, en Charente-Maritime pour ces très riches informations.
Découvrez le site de la Ligue de Protection des Oiseaux : vous y trouverez la liste des actions locales et nationales, des fiches de découverte de l’ornithologie, des animations, des publications, des rendez-vous, des moyens d’agir à ses côtés.
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