#23 - Dans la peau d’Ismaël, geek éthique et directeur atypique

Derrière son air juvénile, Ismaël Le Mouël affiche une sacrée expérience dans les outils numériques. Le jeune homme de 34 ans, né avec les premiers PC allumés dans les foyers, met le web au service de l’Economie Sociale et Solidaire. Diplômé d’HEC et de polytechnique, il a délaissé les couloirs tout-tracés des grands groupes pour créer HelloAsso, afin d’aider les associations à collecter des fonds sur internet. Sa vision disruptive de l’entreprise, qui mêle high-tech, optimisation des coûts et esprit collectif, méritait bien quelques échanges.

TDE : Revenons fin des années 2000, comment est née HelloAsso ?

Ismaël : A la sortie de l’école d’ingénieurs, j’ai découvert les entreprises autogérées en Argentine. Puis j’ai constaté que les entreprises de l’ESS, en Amérique du Sud comme en France, n’utilisaient pas les outils qui leur permettaient d’être financées et d’assurer leur mission. Elles n’avaient pas fait leur révolution numérique. Passionné par le web depuis l’enfance, j’ai alors décidé d’utiliser la technologie pour porter mon engagement sociétal et donner un coup d’accélérateur aux associations. C’est ainsi qu’a été créé HelloAsso, qui est aujourd’hui une plate-forme de financement complète, gratuite, pour collecter des dons, percevoir des adhésions.

TDE : HelloAsso est une plate-forme gratuite, soutenue par le Crédit Mutuel Océan : comment fonctionne votre société ?

Ismaël : La gratuité de la plate-forme est un point important : nous ne prélevons pas de frais d’utilisation mais nous invitons les internautes à laisser un pourboire à chaque adhésion, chaque don réglé sur HelloAsso. Cela s’approche du modèle économique de Wikipédia.

TDE : Même si votre société a grandi et réunit aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, vous avez dû rencontrer des difficultés : que vous-ont-elles appris ?

Ismaël : Malgré les moments où ça va moins bien, il ne faut jamais lâcher. Il faut être tenace. Durant les 3 – 4 premières années, il n’y a pas beaucoup de résultats mais il faut rester confiant.

TDE : Dans ce parcours, quelles sont vos plus grandes fiertés ?

Ismaël : On aide aujourd’hui 55 000 associations et on participe à un monde plus collectif !
Avoir obtenu le soutien officiel du Président de la République François Hollande, a également été important pour la confiance qui nous a été accordée.

TDE : Qu’est-ce qui distingue HelloAsso de d’autres entreprises du numérique ?

Ismaël : Les valeurs sociétales qui sont dans notre ADN et la façon dont on vit, dans l’économie du partage. Notre culture d’entreprise est un peu particulière ; nous avons la volonté d’aider les assos chevillée au corps. Cela fait partie de nos critères de recrutement.

TDE : Vous êtes directeur d’HelloAsso mais aussi organisateur de la Social Good Week, administrateur d’associations diverses : vous arrivez à vous détendre ?

Ismaël : Le lancement de projet s’apparente plus à un marathon qu’à un sprint ; c’est donc important de se détendre. Comme 1 français sur 2, je pratique des loisirs en associations : tennis et backgammon. Je passe aussi plein de temps avec mon petit garçon.

TDE : Pour vous, entreprendre, c’est… ?

Ismaël : C’est deux choses. Avant tout, c’est emmener un groupe de personnes dans une vision commune de la société. Et c’est résoudre des problèmes, assez vite.

TDE : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut créer son entreprise ?

Ismaël : J’en donnerais deux. Celui de se lancer au plus vite car la société en a besoin et c’est un joli chemin. J’ajouterais qu’il ne faut pas lâcher. On a vu beaucoup de porteurs de projet s’arrêter au milieu du gué alors que le succès était proche.

TDE : Merci et bon développement !