Alexis Gautier est « né au milieu des marais » de Bouin. La trentaine en vue, il replonge dans cet univers en devenant saunier à Saint-Hilaire-de-Riez. Il est le 2ème récoltant (seulement !) à redonner vie aux marais salants de la commune vendéenne. Son engagement, un patient travail de préparation et l’appui de la LPO favorisent son installation entre terre, mer et ciel.

 

Pourquoi se lancer aujourd’hui dans l’exploitation de marais salants ?
Après avoir fait des études de Génie civil et travaillé dans ce secteur durant une dizaine d’années, je souhaitais changer, rejoindre le secteur agricole, pour évoluer dans un milieu plus naturel, moins bruyant, si possible sans machine. Mais je ne voulais pas devenir éleveur, ni réaliser de trop lourds investissements. Comme je connaissais les marais salants, par mon activité de bénévole à la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et par mon entourage, je me suis tourné vers cette activité. J’ai prospecté le terrain pour voir si des marais étaient disponibles et j’ai suivi un an de formation avec la Chambre d’Agriculture de Loire-Atlantique à La Turballe.

 

Sur le littoral vendéen, le marais est soumis à une forte pression foncière pour des usages de loisirs ; comment vous êtes-vous implanté au marais Pré de vie tout en préservant la biodiversité ?
La LPO a acquis le terrain avec des aides de l’Etat. Ce sont les 1ers marais salants achetés par l’association. Nous avons ensuite signé un bail à clause environnementale et établi un cahier des charges pour la gestion du site. Ensemble, on peut faire des trucs sympas. A titre d’exemple, pour la biodiversité, j’ai des dates de fauche à respecter par rapport à la nidification, à l’installation d’insectes. Je dois maintenir un certain niveau d’eau sur la réserve, préserver la végétation sur les bords, pour accueillir les oiseaux…

 

Avant les premières récoltes de fleur de sel et de sel, quelles sont vos activités ?
Les marais que j’ai repris n’ont pas eu d’activité récente. La vase était partout, l’argile était morte, les berges étaient éboulées. Je reste donc dans la construction pour optimiser le système de production. C’est très intéressant. Pour retrouver les chemins, je m’aide de photos aériennes. Tout ne se rénove pas en un hiver ; mon objectif est de d’abord aménager 20 cristallisoirs. Il faut préciser que ce sont de petits cristallisoirs, de 20, 25 m2, par rapport à ceux de Guérande ou Noirmoutier.
J’échange également avec des collègues de formation. On se regroupe parfois en équipe de chaussage pour mener des chantiers de remise en état de marais. Cela peut se faire en hiver. En saison, on ne bouge plus.

 

Au printemps et en été, vous allez mener plusieurs activités de front, à la fois salicoles, naturalistes, touristiques.
Les jours où la météo le permet, je vais récolter la fleur de sel et le sel. Je les proposerai en vente directe. J’effectuerai également des visites guidées sur les marais salants et salés, en tant que bénévole LPO, pour faire connaître les oiseaux qui nichent là, les avocettes élégantes, les chevaliers gambettes… Ces visites permettent de découvrir un autre endroit que la plage, de montrer des zones de marais très fragiles, très belles et éphémères selon la montée des eaux. Et, comme toute l’année, j’assure un suivi ornithologique des espèces qui passent sur les marais.

 

Vous êtes au cœur de la nature, les pieds dans l’eau ou l’argile ; vous êtes déconnecté ou branché sur votre smartphone ?
La technologie fait partie des activités agricoles aujourd’hui. Sur mon smartphone, je suis la météo plusieurs fois par jour en saison. Si le vent d’Est arrive, je peux augmenter les niveaux d’eau. Je consulte aussi les marées et les hauteurs d’eau. Je pense qu’on gagne quelques jours de production par rapport aux anciens. J’utilise également mon smartphone pour rentrer des données sur le suivi ornithologique. Sans oublier les photos que l’on s’envoie entre sauniers de l’île de Ré, d’Oléron, de Guérande… L’horizon est totalement dégagé, on a donc de très beaux jeux de lumière au lever et au coucher du soleil avec des marais qui deviennent tout orange ou tout jaune. Ce sont des moments que j’aime bien.

 

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Rencontre avec Alexis en vidéo