#création #théâtre

Dans la continuité de sa très riche carrière de soliste, durant laquelle elle aura côtoyé les plus grands, la danseuse et chorégraphe Hélène Khayadjanian propose ces jours-ci deux créations, Madame et Les trois sœurs, au public de Charente-Maritime et d’ailleurs.

Chacune à leur manière, les deux créations d’Hélène Khayadjanian questionnent deux figures féminines. Du côté de Madame, un solo de vingt minutes interprété par Hélène Khayadjanian elle-même, il y a la figure de la femme excessive, exubérante, convoquée sur scène à travers le personnage de l’actrice Sarah Bernhardt. Du côté des Trois sœurs, pièce pour quatre danseuses, il y a cette autre figure, plus universelle, de la mère étouffante, qui, dans un huis-clos monacal, impose sur ses filles sa tyrannie douce.

Débordements de la scène

« Pour Madame, j’ai tout de suite voulu partir de Sarah Bernhardt, qui est une femme qui m’a toujours intéressée : elle représente pour moi l’actrice qui en fait toujours trop, qui n’a plus de repères, dont la personnalité débordante exprime un trop-plein d’émotions et d’amour, témoigne la chorégraphe, sur scène, cela s’exprime par une certaine forme de démesure, d’énergie, où les repères brouillés ne sont pas très loin de la folie. » Sans aller jusqu’aux débordements de l’actrice, Hélène Khayadjanian témoigne que la représentation sur scène est bien un des moments les plus forts qui puisse exister pour un artiste « il y a vraiment quelque chose de l’ordre du viscéral dans le fait de se présenter sur scène, quelque chose qui prend aux tripes. » La carrière de la danseuse, qui l’aura portée au sommet de son art et fait voyager aux quatre coins du monde, témoigne de l’engagement – et de l’attachement – physique que représente la scène. [Découvrez le portrait d’Hélène »] Sur une musique d’Ernest Chausson, la pièce chorégraphique n’hésite d’ailleurs pas à emprunter aux codes du théâtre pour proposer une création un peu hybride.

Perdues en mère

Avec Les trois sœurs, l’autre création d’Hélène Khayadjanian, il peut être également question d’attachement – attachement maternel – mais également de transmission. La transmission d’une chorégraphe à ses danseuses tout d’abord, puisque Hélène n’apparaît dans la pièce que de manière secondaire dans le rôle de la mère et qu’elle cède donc principalement la scène à trois jeunes artistes de talent. Transmission mère-fille ensuite, puisque ce qui se joue sous nos yeux, c’est la façon dont chacune des sœurs tente d’échapper à l’emprise maternelle. « La question qui se pose dans Les trois sœurs, c’est ce qui se passe quand la mère, autoritaire, castratrice, s’absente. Comment, dans un univers un peu austère, qui n’autorise que peu de liberté, chaque sœur se trouve un rôle, se détermine par rapport aux autres, explique Hélène, l’aînée tient sa place, la seconde se sent rejetée, la dernière ose un peu plus de folie. Je pense que la mère aime sincèrement ses filles, mais les aime-t-elle correctement ? »

 

Les trois sœurs a bénéficié de trois temps de résidence dans la région et a déjà fait l’objet de deux restitutions, à Saintes et à Poitiers, sous le regard bienveillant d’Odile Azagury. Installée à Saintes depuis 2016, Hélène Khayadjanian tisse ainsi petit à petit son réseau artistique. C’est avec cette même idée de créer une dynamique locale que sa compagnie, la Compagnie LnK, a participé pour Les trois sœurs a une campagne de financement participatif, via la plateforme HelloAsso et le Crédit Mutuel. Une initiative couronnée de succès et qui laisse augurer de succès futurs.

Madame et Les trois sœurs, le 26 octobre à 20h30, à la salle de l’Arsenal du Château d’Oléron.
Renseignements, réservations : www.compagnielnk.com

crédit photo : Ryam Riehl