Qui fait fleurir des bouteilles de lait et redonne vie à des chutes de métal ? Alice et David Bertizzolo  ont ce talent d’insuffler de la poésie dans les objets du quotidien, issus de la production industrielle. Couple à la vie comme au travail, ils unissent leur vision et leur expérience dans de monumentales œuvres exposées dans l’espace public. De leur atelier de Saint-Laurent sur Sèvre ou en résidence dans les entreprises, naissent des installations, qui chahutent notre perception d’un lieu, d’une entreprise, d’un matériau… Une découverte recommandée !

 

TDE : Commençons par un peu d’histoire, comment a débuté votre aventure artistique ?

Alice (sous l’œil approbateur de David) : David et moi nous sommes rencontrés vers l’âge de 30 ans. Architecte de formation, David évoluait déjà dans le Land Art, en réalisant des œuvres dans la nature. J’ai trouvé ça très beau et nous avons décidé de travailler ensemble. En alliant la forme et le fond, nous avons créé des œuvres de plus en plus monumentales. Nous cherchons à faire ressortir la poésie qui existe dans les productions industrielles en les confrontant aux lignes géométriques naturelles. Aujourd’hui, nous allons toujours chercher des matériaux en usine. Il existe des mines d’or dans les industries locales ! On aime les usines, les séries, la récurrence d’éléments industriels et naturels.

 

TDE : Dans votre parcours, quelle est votre plus grande fierté ?

Etre parvenus à être reconnu sans aucun réseau ! Au départ, nous n’étions pas artistes professionnels. Nous sommes partis de 0 et nous nous sommes faits tout seuls.

 

TDE : Selon vous, qu’est ce qui constitue la particularité de vos créations ?

Leur monumentalité et leur caractère immersif. Nous aimons aussi que nos œuvres soient assez universelles, que chacun puisse les vivre comme une expérience, qu’elles proposent des niveaux de lecture accessibles à tous.

 

TDE : Quelles ont été les étapes décisives dans votre parcours ?

En premier, l’appel à projets remporté pour le festival environnemental « Horizons Arts-Nature en Sancy ». Avoir été sélectionné a assuré une large couverture de notre travail.
Et, depuis 2016, depuis notre installation sur les bords de Sèvre, il y a notre rencontre avec les industriels vendéens. Nous avons découvert des gens très volontaires, très intéressants, loin des clichés que l’on peut avoir. Travailler avec eux nous inspire des œuvres très différentes et représente une énorme ouverture.

 

TDE : La gestion d’un studio d’artistes comme le vôtre s’apparente-t-elle à la gestion d’une entreprise ?

Oui à 100% pour la gestion. Avec une nuance par rapport à une entreprise, c’est que nous devons être à tous les postes : réalisation, stratégie, prospective, community management, administratif, commercial… C’est un boulot multi-casquettes.

Là où s’établit une grande différence avec les entreprises, c’est dans notre liberté de conception. Nous n’intervenons pas sur commande. Au contraire, nous présentons des choses auxquelles les gens ne s’attendent pas.

 

TDE : Pour vous, être artiste professionnel, c’est… ?

C’est un plaisir ! C’est faire ce que l’on aime faire en étant en adéquation avec soi-même. C’est aussi un parcours semé d’embûches qui demande souplesse et zénitude. Il faut toujours s’adapter à l’humain et préserver sa capacité à faire rêver.

 

TDE : Quels conseils donneriez-vous à un artiste émergent ?

D’être endurant et tenace. De s’exprimer plutôt que de chercher à vendre. Il faut garder une foi inébranlable en ce que l’on fait. Aucun artiste ne se fait en un jour ; il est donc important de se montrer patient et de garder une curiosité permanente. Il faut rester obsédé !

 

TDE : Bonnes inspirations à vous !