Passer la since, mettre à la jaille ou encore barrer la porte sont autant d’expressions vendéennes que vous avez probablement entendues si vous avez côtoyé un habitant attaché à son patois. Généralement parlé par les plus anciens, ce dernier se voit néanmoins très souvent utilisé dans le cadre de ces petites expressions qui traversent les générations avec une facilité déconcertante. Pour autant, le patois vendéen est une affaire sérieuse pour ses nombreux défenseurs. Derrière ce dialecte se cache en réalité une véritable identité régionale faisant la fierté d’habitants souhaitant la préserver.

 

D’où vient le patois vendéen ?

Le patois vendéen et ses nombreuses variantes, comme les autres patois régionaux que l’on retrouve dans le Nord, fait partie des parlers dialectaux de la Langue d’oïl. Cette dernière est un ensemble de dialectes romans, dérivé du latin donc, qui s’est développé au sein de la majorité de la population du nord de la France. Pour être plus précis, le patois vendéen est même souvent désigné comme un des héritiers du parlanjhe, le poitevin-saintongeais, qui est également présent dans la Loire et en Gironde.

Ce dialecte a bien évidemment connu mille évolutions rendant son origine et sa paternité bien complexes à désigner, mais il est important de retenir que c’est avant tout un dialecte populaire qui a été au cœur des échanges de nombreuses générations. Transmis de grands-parents à petits-enfants au cours des années, le patois vendéen a su se maintenir en vie face à la généralisation de la langue française telle qu’on la connaît aujourd’hui. En atteste ce témoignage d’Yvette dans un reportage de TV Vendée où elle déclare même avoir appris le patois vendéen quand elle a commencé à parler.

Cette transmission se fait néanmoins de manière moins systématique et il n’est pas rare que la transmission de témoin ne se réalise plus dans de nombreuses familles vendéennes. On peut alors se poser la question de la survie de ce patois.

 

Le patois vendéen, un objet de curiosité à préserver

Dialecte oral transmis à travers les échanges, le patois vendéen a donc du mal à perdurer avec la généralisation du français dans l’ensemble du département. C’est pourtant un parler d’une richesse insoupçonnée que certains ont à cœur de révéler au plus grand jour. Parmi eux, on compte Jacques Chauvet, initiateur du plus grand dictionnaire de patois vendéen.

Ce dernier pose virtuellement des définitions pour les très nombreux mots et expressions vendéennes avant qu’elles ne se perdent entre deux générations. Quelques exemples de définitions de mots vendéens que vous avez peut-être déjà entendus :

  • Bédame: bien sûr, évidemment
  • Jaille: dépôt d’ordures
  • Zire: dégoût, sentiment inconfortable
  • Tantôt: cet après-midi (pour ce tantôt, par exemple)

Ce ne sont que quelques-uns des milliers de mots qui vous attendent sur le site Internet, à garder sous la main en cas de visite en Vendée donc !

Toujours du côté de TV Vendée – media qui, de par sa dimension locale, accorde logiquement une importance non négligeable à ce patois –, on retrouve un reportage improbable sur des universitaires allemands :

Le patois se fait donc parfois l’objet d’études pour des étudiants, ce qui permet d’assurer la production d’une documentation à son propos. Il y est d’ailleurs le prisme d’entrée pour parler de l’identité culturelle et historique de la région.

 

Les expressions de patois vendéen

Nous avions dédié un article aux 12 expressions vendéennes à savourer, nous n’allons donc pas vous proposer une compilation aussi complète sur des termes similaires mais nous concentrer plutôt sur des mots définis ci-dessus afin de les placer dans des phrases complexes !

Bédame, j’ai barré la porte avant de partir. : « Bien sûr, j’ai fermé la porte à clé avant de partir. »

— Il est complètement immangeable ce fion, ça part direct à la jaille ! : « Il est complètement immangeable ce flan vendéen, ça part directement à la poubelle ! »

— Ce tantôt, il n’arrêtait pas avec sa craie sur le tableau, ça m’a fait zire/ça m’a fait tord ! : « Cet après-midi, il n’arrêtait pas avec sa craie sur le tableau, ça ma dégoûté ! »

 

La Vendée, un territoire à l’identité forte

Le patois est donc un objet linguistique fort faisant partie entière de la Vendée. Même si on usage tend à se raréfier au fil des ans, les expressions issues de ce dernier restent courantes. Et s’il n’a pas la reconnaissance dont peut profiter la langue bretonne par exemple, le patois Vendéen n’en reste pas moins riche et révélateur d’une véritable culture propre à la région.