Le 6 mai, c’est la Journée mondiale du rire. DU rire ? DES rires plutôt ! Savez-vous que l’on sourit, rit, ricane, rigole, éclate de rire de mille et une façons, pour exprimer mille et une émotions ? Petit tour d’horizon.

À en juger par la très large palette d’expressions consacrées au rire, on ne peut pas douter qu’on a là affaire à quelque chose de sérieux. On peut rigoler, se fendre la poire ou la pipe, rire comme une baleine ou se marrer comme un bossu, se bidonner, se poiler, se gondoler, s’esclaffer, glousser, s’en payer une tranche ou s’en taper le cul par terre… une chose est sûre, on ne passe pas un mauvais moment.

On n’insistera pas d’ailleurs sur les vertus d’un rire franc et quotidien : rire réduit le stress et l’anxiété, renforce le système immunitaire et réduit la tension artérielle, augmente la confiance en soi et favorise les rapports humains. Donc n’hésitez pas : riez.

Cinquante nuances de rire
Si vous n’avez pas le cœur à rire, eh bien, riez déjà à contrecœur, pour faire bonne figure. Ou riez au moins du bout des lèvres, ou du bout des dents, avec quelque réserve.

Vous pouvez tout aussi bien vous laissez aller à un rire intérieur, pour vous-même.

Si vous êtes un moqueur discret, n’hésitez pas : riez à la dérobée, dans votre barbe, en cachette ou en coin, sous cape ou tout bas. Les rieurs plus francs peuvent se laisser aller et rire de bon cœur ou de gaieté de cœur.

Si vous êtes d’un caractère plus expansif, vous n’hésiterez pas à rire à gorge déployée, ou à pleines dents, voire à vous en décrocher les mâchoires, à vous faire péter les côtes ou à vous en donner mal au ventre (rire sollicite les muscles abdominaux et masse les organes de l’abdomen).

Rire aux éclats ou rire aux larmes témoignera enfin que, franchement : LOL, MDR, PTDR. En revanche, prenez garde si vous riez au nez de quelqu’un, car le quelqu’un pourrait bien rire jaune. Il n’y a en effet parfois pas loin du fou-rire au rire nerveux, puis au rire bête, et enfin du rire aux larmes.

Gare donc ! On ne rit pas aux dépens de quelqu’un impunément. Si l’on peut prêter à rire, le mieux est encore le rire collectif.

Rire béat sur goule benèze
Nous ne sommes d’ailleurs pas les derniers à rire dans notre région. En Vendée, Deux-Sèvres et Charente-Maritime, Goulbenéze, écrivain et poète, est la figure tutélaire qui témoigne d’un rire épicurien, malin, parfois un peu roublard, qui ne s’exprime jamais aussi bien qu’une fois qu’il a « la goule bien aise », après, par exemple, un bon repas entre amis. C’est le moment où l’on se laisse aller aux bons mots, dans un mélange de français et de parlhange, ce poitevin-saintongeais qui unifie notre territoire :

« A s’copait le corps de rire, al en mouillait ses chasses !

–  Le rigole à chaque fé que le cheut le çhu dans un bouéssun d’épines.
Chez nous-âtres, i nous essujhons pus souent la goule que les ails ! »*

Alors, le 6 mai et tous les autres jours jusqu’au prochain 6 mai, n’oubliez pas : riez !

* « Elle se tordait de rire, elle en a mouillé ses bas !
– Elle rigole à chaque fois qu’elle tombe dans un buisson d’épines.
– Chez nous, on s’essuie plus souvent la bouche que les yeux ! »

Ces expressions sont tirées des Trésors du parler des pays de l’Ouest, Poitou, Charentes, Vendée, d’Edgar Chaigne, préfacé par Yannick Jaulin, aux éditions Aubéron.