Joël Soulard et sa fille Magali Panau sont à l’image de leurs produits canards et foies gras : chaleureux, généreux et authentiques. Et quand il s’agit d’évoquer la saga familiale de la maison Soulard, ils le font avec tant de cœur et de similitude que leurs paroles viennent rapidement se chevaucher pour s’accorder à l’unisson.

 

TDE : Revenons sur vos parcours, comment êtes-vous entrés dans l’histoire de l’entreprise Ernest Soulard ?

Joël : C’était dans la nature des choses que je rejoigne l’entreprise créée par mes parents en 1936. Je les ai toujours vu travailler pour la famille et j’ai fait la même chose en démarrant comme chauffeur au ramassage des canards. J’ai ensuite développé l’entreprise en la dotant d’une chaîne d’abattage, en intégrant l’accouvage, l’alimentation et en commençant la production des foies gras en 1995.

Magali : J’ai pris la décision de rejoindre l’entreprise familiale sans aucune pression. Il s’agissait de mon propre choix professionnel. Cela donne un peu l’impression de rentrer à la maison. D’autant plus qu’il y a une vraie reconnaissance des compétences, sans lutte de pouvoir.

 

TDE : Comment vivez-vous ce passage de flambeau entre générations ?

J : On ne continue pas cette activité pour nous mais pour le collectif, pour assurer une continuité sur l’économie locale. Au cours des dernières années, j’ai laissé mes enfants grandir professionnellement et je leur ai progressivement transmis l’entreprise. Aujourd’hui, je ne fais plus grand chose sur le plan opérationnel. C’est rassurant de voir que l’équipe d’encadrement est toujours là, que l’entreprise reste familiale et indépendante.

M : J’ai la chance de bénéficier de la vision et de l’expertise de mon père. Et nous restons mutuellement ouverts à la discussion. On a vu travailler nos parents et on a forcément des valeurs en commun.

 

TDE : Dans vos parcours, quels sont vos plus grandes fiertés ?

M : Le fait, en tant que challenger face aux entreprises du sud-ouest, d’être compétitif et de pouvoir en faire profiter les salariés par des systèmes de dotations et d’intéressement.

J : D’avoir fait toute ma vie professionnelle sans avoir connu un seul résultat négatif.

 

TDE : Face aux grands concurrents du sud-ouest, qu’est-ce qui distingue Ernest Soulard ?

J : C’est le côté familial, les rapports humains entretenus avec les cadres, les salariés, les personnes qui travaillent avec nous. D’ailleurs, chez nous, il n’y a pas de turn-over.

M : Nous nous distinguons aussi par la qualité ; nous faisons de bons produits, que nous servons souvent à nos propres tables.

TDE : La gestion de cette entreprise familiale présente-t-elle des particularités ?

J : Face aux risques, une entreprise familiale est mieux armée. Nous avons parfois décidé de baisser des dividendes en faveur de l’activité. Nous pouvons réellement pratiquer une gestion en bon père de famille.

M : La gestion se fait dans la confiance, en interne comme avec notre environnement socio-économique. Pour perpétuer cette confiance et responsabiliser les salariés, nous avons mis en place un intéressement, comportant des variables sur la qualité et la sécurité.

 

TDE : Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui veut se lancer en agro-alimentaire ?

M : Il faut vivre avec les évolutions de son environnement. Il faut prendre en compte ce qui se passe autour de soi.

J : Ce que nous avons fait n’est pas reproductible. Aujourd’hui, l’agro-alimentaire comporte d’énormes marques. C’est plus compliqué. Pour démarrer, il faut choisir une petite niche, créer de la valeur ajoutée et aller loin dans le B to C.

 

TDE : Merci à vous et savoureuses fêtes de fin d’année !