Le judo, « voie de la souplesse », ne détourne pas que des attaques : il détourne aussi des expressions pour les rendre plus fortes et imagées. Eric Sallé, président du Judo Club Yonnais et judoka, nous aide à les décoder.

Ce soir, on va tirer : nulle allusion grivoise ou militaire dans cette locution, cela signifie qu’on va combattre !

Je lui ai mis une boîte : il ne s’agit pas d’une remise de cadeau, bien au contraire ! C’est pour indiquer qu’on a amené son adversaire à une chute sévère.

J’ai pris un pion : cela concerne bien le judo et non une partie d’échecs. J’ai perdu par Ippon ; action obtenant le score le plus élevé et qui arrête le combat.

Il joue avec les bordures : le judoka n’est pas forcément jardinier, c’est juste qu’il tente d’emmener son adversaire vers les limites de la zone de combat sur le tatami de compétition afin de le pénaliser.

Où t’as mis mon kim’ ? : Prononcé très vite et hors contexte, cela ressemble à du japonais. Alors que trivialement, c’est généralement un ado qui demande à sa mère où elle a rangé son kimono (étant donné qu’il ne s’en est pas occupé).

Je suis à la ramasse : point de vendanges, ni de récolte de pommes de terre. Le judo étant un sport où le rythme cardiaque monte très vite, il faut être dans un bon état de forme au moment de monter sur le tatami. Sinon, on est « à la ramasse ». L’usage s’est étendu à de très nombreuses activités.

Je l’ai verrouillé au sol : il n’y a ni cadenas, ni chaîne : c’est naturellement avec une prise de judo qu’un combattant bloque son adversaire sur le tatami.

Il a pris une moulinette : un ustensile de cuisine, un équipement technique ? Non, c’est le geste réalisé par un arbitre quand il attribue une 1ère pénalité à un adversaire qui refuse le combat.

Il a mis les brancards : soyez rassuré-e : il n’a pas fait appel au SAMU mais il a mis ses bras dans une position qui éloigne l’attaque.

Il a chuté dans la vallée : Même si des entraînements peuvent se réaliser en extérieur au Judo Club Yonnais, il n’est pas question ici de chute près de la rivière mais de la traduction littérale d’un mouvement de judo dénommé « Tani-Otoshi » où une jambe placée en barrage fait basculer l’adversaire en arrière.