Crédit : Jean-Michel Sicot

Le festival La Rochelle Cinéma (le « FEMA ») est une institution dans la vie culturelle rochelaise. Le festival se préparait cette année pour sa 48ème édition, du 26 juin au 5 juillet, avant que la situation sanitaire n’en décide autrement. Arnaud Dumatin, directeur du FEMA revient avec nous sur cette situation inédite.

Quelle est, à ce jour, l’état de la situation concernant le FEMA ? s’agit-il pour vous d’une annulation ? d’un report de programmation sur l’année prochaine ?

Chaque édition du festival représente deux cent vingt films et trois cent cinquante séances sur dix jours dans une douzaine de salles de la ville. L’événement, tel qu’il existe chaque année depuis 48 ans ne peut donc pas être reporté à l’identique à une autre période qu’aux dates prévues.

Nous avons néanmoins souhaité faire exister cette édition sous différentes formes :

Elle sera numérique aux dates officielles. En partenariat avec le site de vidéo à la demande LaCinetek, nous proposerons neuf séances de films que nous avions programmés cette année, comme les rétrospectives Roberto Rossellini et René Clément, ou une soirée avec l’incontournable Serge Bromberg ainsi que des rencontres avec des cinéastes, dont notre parrain, Mathieu Amalric ; chaque film sera présenté et suivi d’une rencontre avec un ou une cinéaste, journaliste ou historien du cinéma. Nous allons proposer un pass festival à prix modique pour permettre à toutes et tous de suivre l’ensemble de cette sélection.

Cette édition sera également – sous réserve de l’évolution des conditions sanitaires et des protocoles qui seront mis en œuvre – nomade à l’automne. Nous proposerons un long week-end de projections à La Rochelle et répondrons aux invitations reçues de nombreuses salles et de quelques festivals, dans toute la France, pour des cartes blanches et journées thématiques. Nous avons reçu de chaleureuses invitations d’exploitants de Pau, d’Angoulême, de Paris, de Strasbourg, etc.

Enfin, une partie importante de la programmation sera reportée à 2021.

Quels devaient être les temps forts de cette édition ?

Deux rétrospectives consacrées à Roberto Rossellini et à Ida Lupino, que nous ne pourrons reporter (et que l’on retrouvera en partie en ligne, en partie à l’automne), une 3ème rétrospective consacrée à René Clément, que nous conservons pour notre programmation 2021.

Les hommages, qui n’étaient pas encore annoncés, seront pour la plupart reportés à l’année prochaine.

Quel est présentement votre état d’esprit ?

Nous avons espéré le plus longtemps possible que le festival pourrait se dérouler comme prévu. Après une période d’abattement, nous avons reconstruit notre projet en vue de proposer une édition différente, adaptée à la situation. Il nous faut être inventifs pour faire exister le festival dans cette période tout à fait particulière.

Avez-vous reçu des messages de soutiens (des artistes, du public, des partenaires, etc.) ?

Nous avons reçu de très nombreux messages de soutien, de solidarité, de la profession, des spectateurs, de l’équipe, des partenaires. Cela a confirmé le réel attachement à notre événement.

Comment envisagez-vous les mois à venir ?

Ils seront chargés comme ils le sont habituellement à cette période de l’année mais le travail sera différemment réparti.

Notre activité reprendra également après le confinement grâce à toutes les actions culturelles que nous menons à l’année, sur le territoire rochelais, du département et de la région (des résidences de création, des ateliers de sensibilisation, d’écriture et de réalisation de courts métrages, hors les murs, etc.)

Est-ce que, pour vous, cette situation inédite, peut être l’occasion de repenser l’organisation des manifestations culturelles ?

Cette période est en effet inédite. Nous n’avons que peu de visibilité pour les prochains mois, voire les prochaines années. Qu’en sera-t-il notamment de la réglementation sanitaire dans les salles de spectacles et les cinémas ? Les protocoles mis en place (demi-jauges, espacements entre les séances, désinfection des salles…) bouleverseront nos organisations mais aussi nos modèles économiques où la billetterie tient une place importante.

Alors que le secteur culturel génère une économie importante (la culture contribue sept fois plus au PIB que l’industrie automobile), nous ressentons encore davantage aujourd’hui sa fragilité structurelle.

Cette période d’incertitude est sans doute pour les festivals l’occasion de repenser les modes d’accompagnement. Pour poursuivre leurs activités (qui excèdent bien souvent les manifestations elles-mêmes mais recouvrent aussi bien souvent l’accompagnement artistique et l’éducation à l’image auprès de multiples publics), les festivals auront besoin, dans un premier temps, de fonds d’urgence, mais aussi de vraies mesures structurelles.

À l’échelle de notre festival, c’est aussi l’occasion de repenser notre mode d’organisation. Mais c’est une démarche que nous avons constamment. Chaque édition est singulière et nous amène à nous repositionner. Cette année, bien davantage évidemment.

Merci Arnaud, et bon courage à toute l’équipe du FEMA !

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