Malgré sa petite superficie faisant d’elle la plus petite commune de Charente-Maritime, embarquez pour l’île d’Aix. Ce petit bout de terre situé sur la côte Atlantique recèle de trésors racontant son histoire. L’île fut le terrain de jeu de Napoléon Ier qui en fit une place stratégique militaire. Il fit édifier notamment trois forts dont le plus renommé reste le fort Boyard. Mais nous vous proposons d’aller à la rencontre du petit dernier : le fort Liédot, aussi connu sous le nom de « fort de la Sommité ». Fort à vocation très défensive, l’empereur français y fonde tous ses espoirs.
L’histoire du fort Liédot
Les plans initiaux de l’empereur français
Le fort Liédot n’était initialement pas prévu dans les plans de l’empereur Napoléon Ier. Commençons par l’origine. Cela se déroule au tout début du xixe siècle, en Charente-Maritime. Au départ, le projet lancé comprenait la construction de structures défensives sur toute la côte Atlantique avec la mise en route du fort Boyard, localisé entre l’île d’Aix et l’île d’Oléron, et du fort Énet, situé entre l’île d’Aix et la pointe de la Fumée. L’objectif de ces fortifications était de défendre la passe de Rochefort ainsi que la rade d’intrusions et d’attaques ennemies arrivant par les voies maritimes.
Une construction imprévue
En août 1808, Napoléon Ier décida de faire une visite sur l’île d’Aix afin de vérifier l’avancée de ses constructions. Quel effroi il eut en constatant le retard phénoménal qu’avait pris son entreprise ! De plus, en se rendant directement sur les lieux, il prit conscience du manque de défense sur la passe de la rade de l’île d’Aix. En vue de combler cela, il fit le pari de construire un nouveau fort invisible et inébranlable sur un terrain en hauteur dans le but de dominer l’horizon – un point stratégique pour l’île d’Aix. En 1810, ils établirent l’orientation exacte qu’allait prendre cette fortification. C’est ainsi qu’en 1811 fut lancée la construction du fort Liédot, initialement nommé « fort de la Sommité » en raison de son implantation en hauteur. Les travaux durèrent 24 ans et le fort fut renommé « Liédot » en hommage au colonel Liédot, ancien officier du génie mort lors d’une campagne. La construction faisait la fierté de Napoléon Ier et devint même une référence en matière de fortification.
Une fortification construite pour la défense du territoire
Réfléchi, esquissé puis construit, le fort Liédot s’attache à sa forme carrée si singulière accompagnée d’un bastion de 7 m à chacun de ses coins. Dans le but d’accentuer son camouflage et sa robustesse, il a été construit légèrement dans le sol, ce qui lui permettait de résister aux potentielles attaques armées. Ce bâtiment fortifié se fond aujourd’hui dans le décor et la végétation ; mais pour tout vous dire, il n’est qu’une partie du projet auquel Napoléon Ier avait pensé ! Bien qu’il soit imposant, il n’est que l’élément central d’une structure militaire imaginée bien plus grande, dont d’autres éléments se grefferaient autour. L’édifice militaire devait avoir la capacité d’abriter toute la population de l’île d’Aix. Tout étant une question de budget, le souci de financement signa le terme de la croissance du projet 24 ans après le début de sa construction. Il fut laissé ainsi et mit en service.
Les fonctions du fort Liédot sur l’île d’Aix
Bien qu’il fût construit pour une fonction première, le fort Liédot fut utilisé à d’autres fins par l’armée française.
Une fonction pénitentiaire : le fort fut utilisé comme prison en 1854 pour des milliers de soldats russes qui y séjournèrent quasiment 1 an. Il fut ensuite abandonné. Puis de 1871 à 1872, des centaines de partisans de la Commune de Paris y furent enfermés avant leur déportation. Lors de la Première Guerre mondiale, les soldats allemands et russes y furent également détenus. Enfin, pendant la guerre d’Algérie, le fort de la Sommité servit de logis aux hommes politiques, comme Ben Balla.
Une fonction touristique : dans les années 1950, entre les deux guerres mondiales, le fort Liédot de l’île d’Aix fut un centre de colonie de vacances. Sa gestion avait été déléguée à des œuvres sociales qui en firent un lieu de rire et d’animation, en totale opposition avec sa fonction de départ.
Bien évidemment, entre ces périodes, le bâtiment subit de nombreuses réparations pour qu’il remplisse son rôle. Il s’est peu à peu amélioré avec les nouvelles technologies. Durant toute sa période de service, il n’a jamais connu un tir ennemi. Les seuls tirs qui le heurtèrent sont des tests effectués par l’armée française dans les années 1860, afin de vérifier sa résistance.
Visiter le fort
Vous voulez en savoir plus sur ce fort militaire ? Venez parcourir les 8 100 m² de surface qu’il occupe et découvrez son passé mouvementé ! Des visites libres sont proposées, elles vous permettent de faire le tour du fort, de visiter les coursives et les nombreuses pièces qui le composent. Des expositions temporaires artistiques sont présentées apportant un petit peu de vie dans ce grand monument au lourd passif. Vous pourrez aussi voir des expositions sur le fort Boyard, le fort le plus connu de France, avec notamment des éléments du jeu télévisé. De plus, des visites guidées vous amèneront sur le chemin des prisonniers ayant été retenus dans ces lieux, dont il reste des mots sur les murs, gravés dans la roche. Pour finir, prenez l’air dans le bois entourant ce fort et imprégnez-vous de cette nature ayant repris une bonne partie de ses droits.
