Vous avez envie d’en connaître plus sur le patrimoine culturel des Deux-Sèvres ? Au ivsiècle, sur le site d’Ension au nord du Poitou, fut édifiée l’abbaye Saint-Jouin-de-Marnes – très facile à trouver. Construite sur une colline, elle domine tout le paysage poitevin environnant ! Les passionnés d’histoire et d’art roman seront servis ! L’abbatiale d’origine a été créée dans un style roman bien présent au sein de la région. Elle faisait initialement partie d’une abbaye romane très connue et génératrice de richesse durant le Moyen Âge. Préparez-vous à entrer dans l’un des monuments précurseurs du christianisme.

 

Intéressons-nous à l’histoire de cette église ancestrale

Tout commença au IVe siècle.

Le nom de l’abbatiale vient de son premier « habitant » prénommé Jovinus. Souhaitant se retirer du monde et de la société, il choisit de venir, vers 342, se terrer dans les marais de la Dive où l’environnement convenait parfaitement à sa volonté de recueillement. Une communauté se créa rapidement autour de lui et de ses idées, partageant ainsi les mêmes convictions et les mêmes envies de contemplation. D’ailleurs, l’église Saint-Jouin-de-Marnes fut l’un des premiers berceaux du christianisme qui se répandit ensuite dans la région. On vit alors émerger une première demeure monastique ; elle deviendra le deuxième plus ancien monastère de France. Une petite église carolingienne attenante permit, quelques années plus tard, de conserver les reliques de leur guide, saint Jouin.

La concrétisation de toute une communauté

L’abbatiale Saint-Jouin-de-Marnes résista des siècles durant aux diverses attaques extérieures, comme celles de Vikings au cours du IXe siècle. Toujours debout, l’église fut donc un lieu de rassemblement pour tous les moines et les reliques des sites religieux alentour qui virent leurs monastères pillés et détruits. Saint-Jouin-de-Marnes prospéra ainsi grâce aux nombreux dons faits par les pèlerins ayant trouvé en cette église un refuge. Au vu des fortes arrivées de pèlerins, et de reliques à entreposer, le manque de place se fit vite ressentir dans l’église carolingienne. Il fut décidé de reconstruire une nouvelle église abbatiale afin d’avoir une capacité d’accueil plus grande. Ainsi, entre 1095 et 1130, on ne tarda pas à voir sortir de terre un monument à l’architecture romane impressionnante, érigé sous la direction du moine Raoul qui fut élevé au rang d’abbé vers 1100.

La fin d’une histoire monastique

La structure de l’ouvrage subit des dégâts à plusieurs reprises, du XIVe au XVIIe siècle. Guerre de Cent Ans, querelles franco-anglaises, guerres de Religion : l’abbaye fut incendiée, pillée, et les œuvres d’art furent dégradées. C’est à ce même moment-là que les reliques de saint Jouin furent égarées. En vue de résister aux prochaines invasions et de protéger ses habitants, le monument fut fortifié. À partir du XVIIIe siècle, le mode de vie monastique vouée à la religion commence à s’essouffler et à perdre son influence. Cet élan spirituel ayant eu une importance capitale dans les habitudes de vie sociétale et économique durant des siècles finit par être oublié ; l’édifice fut vendu à l’État. Il ne reste aujourd’hui de cette majestueuse abbaye romane que l’église, la galerie d’un cloître de style gothique, ainsi qu’un bâtiment monastique datant du XVIIe siècle.

 

façade sculture abbatiale

 

Une architecture faisant sa renommée

L’abbatiale encore visible faisait partie d’une abbaye plus imposante fondée au IVe siècle et représentée comme la plus importante de toute la région du Poitou.

Un ouvrage rénové

À l’origine bâtie dans un style roman, la bâtisse fut restaurée à de nombreuses reprises. Pendant la guerre de Cent Ans, à la fin du XIVe siècle, un second étage a été créé dans l’abbatiale afin de renforcer les défenses du bâtiment, également lieu d’exercice, de stockage et de défense. Par la suite, au XIIIe siècle, afin de remplacer les voûtes en berceau, la nef et le chœur qui étaient en mauvais état, de mêmes éléments gothiques plus solides les remplacèrent, dans un style angevin marqué.

Et une conservation propice à la contemplation

Une association locale, Les Amis de l’abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes, rassemble des bénévoles amoureux de l’art et de leur patrimoine culturel. Ils ont décidé de mettre en valeur ce chef-d’œuvre roman grâce à la restauration et à la documentation qu’ils trouvent sur cette demeure monastique. N’hésitez donc surtout pas à entrer dans ce monument impressionnant pour en admirer l’architecture aux styles variés.

Dès l’extérieur, vous distinguerez sur la façade du portail une scène du Jugement dernier sculptée sur un pignon, ainsi que son clocher de forme inhabituellement carrée. En entrant dans l’abbatiale, vous pourrez vous rendre compte de la hauteur de la nef et de ses voûtes arc-boutées caractéristiques d’un style gothique, tranchant avec l’allée de fenêtres romanes. De plus, des scènes et des tableaux mystiques s’illustrent dans la pierre des chapiteaux, comme l’allégorie de la luxure ou les saints Pierre et Paul.

 

nefs abbatiale saint jouin de marnes

 

L’église Saint-Jouin-de-Marnes, un lieu de concerts

Sur le territoire national, on a pu se rendre compte de l’importance que jouaient les églises dans les représentations artistiques et plus spécialement musicales. La ville de Saint-Jouin-de-Marnes en a profité pour mettre en place différents événements musicaux, tels que des concerts dans l’enceinte de l’abbatiale. D’une salle de concert à une église, les représentations musicales ne sont pas les mêmes : les sons, les voix et les échos résonnent dans le monument provoquant chez les spectateurs des émotions complètement différentes et uniques.