Le Printemps du Livre de Montaigu s’est refermé sans vraiment avoir écrit son chapitre 2020 pour cause de crise sanitaire. Mais cela ne gâche en rien l’attribution du Prix Ouest à un talentueux jeune auteur, Victor Jestin pour La Chaleur.

Le jury du Printemps du Livre a élu La Chaleur dès le 1er tour, en sachant que vous ne pourriez pas venir chercher votre prix ; comment avez-vous reçu la nouvelle ?
C’est un grand regret de ne pas avoir pu me rendre sur le salon. Mais je suis très heureux de recevoir le Prix Ouest. Il est extrêmement gratifiant car il est attribué par un jury de professionnels. De plus, c’est un prix doté ; ça permet d’être plus serein pendant quelque temps.

Votre livre, également salué par le Prix Femina des lycéens et le Prix de la Vocation 2019, poursuivait un beau parcours. L’annulation des salons et des rencontres littéraires n’est pas trop frustrante ?
Ce qui se présentait était très enthousiasmant. J’ai eu de la chance d’avoir eu une sortie en 2019 et ça s’est très bien passé, grâce à ma maison d’édition, aux sélections littéraires, aux blogueurs… Je n’en espérais pas tant, c’est une très bonne surprise. La période de confinement est arrivée au moment où le temps de la sortie était fait. Durant le confinement, je n’ai jamais eu autant de temps pour écrire mais jamais eu aussi peu à dire. Car c’est le contact humain qui m’intéresse. Il me manquait de la matière, même je voulais mettre ce temps à profit pour travailler.

Ce sont vos premières participations en tant qu’auteur dans les salons ; comment les vivez-vous ?
Les salons sont géniaux pour les rencontres. On rencontre les lecteurs ET les auteurs. J’ai pu fréquenter beaucoup d’auteurs qui ont de l’expérience, qui me parlent de leur travail. Cela montre que c’est un travail qui n’est pas si solitaire que ça. Il s’établit un équilibre plaisant entre la grande solitude de l’écriture et la sortie d’un livre.

Est-ce à Nantes, où vous avez grandi, que l’envie d’écrire vous a saisi ?
Ma passion pour la lecture et l’écriture est ancienne. Depuis que j’ai 10 ans, j’ai envie d’écrire. J’ai écrit pas mal de coups d’essai avant d’être édité. Etre retenu par Flammarion, maison dont j’aime le catalogue, a été ma chance. C’est formidable d’échanger sur le texte, d’en parler de façon artisanale avec une éditrice, en l’occurrence Alex Penent. Il y a différentes personnes pour faire vivre le livre.

La Chaleur se déroule sur la côte Atlantique : la région vous inspire-t-elle ?
La Vendée, Les Pays de la Loire, la Bretagne, et même toute la côte Atlantique sont les endroits que je connais le mieux. J’y retournerais certainement dans l’écriture.

Avez-vous des références, des modèles littéraires ?
J’ai beaucoup de « trous » dans ma culture. Mais je suis intéressé par la littérature, la culture allemandes, autrichiennes, des Pays de l’Est. La découverte de Thomas Bernhard (écrivain autrichien, 1931-1989 ndlr) a été un choc pour moi. J’aime aussi beaucoup la musique classique allemande et le cinéma de Fassbinder.

Vers quels sujets, quels styles aimeriez-vous aller ?
Le temps passé depuis la sortie du livre me permet d’être critique et d’avoir envie de progresser. Je pense que la grande force d’un style, c’est la sincérité. J’essaie d’être sincère.
Dans mon deuxième roman, des obsessions reviennent. Le premier parlait du désir et de la violence qui peut l’accompagner : je pense que je n’ai pas fini de tourner autour de ces sujets.

Merci pour ce roman « superbement écrit » selon le jury du Printemps du Livre, qui qualifie La Chaleur de « choc » littéraire. Et bonne écriture.

 

Crédit photo : Pascal ITO / Flammarion.